Histoire locale de la vallée de la Doller.

 

 

Un peintre de notre terroir : Eugène Arbeit (1824-1900) 

 

 

 

Eugène Arbeit est né à Wegscheid (Haut-Rhin) le 9 août 1824 dans une famille de notabilités locales originaires de l'actuel Territoire de Belfort. Son père, Jean-Baptiste Arbeit, né à Belfort en 1791, exerçait la fonction de percepteur. Il a épousé en 1817 Thérèse Bornèque, née à Wegscheid en 1797, fille de François Bornèque, natif de Bessoncourt et juge de paix du canton de Masevaux.

 

 

 

 

La tombe des parents d'Eugène Arbeit au cimetière de Kirchberg (Haut-Rhin), décédés à 7 jours d'intervalle lors de l'épidémie de choléra de 1855. 

 

Photo de l'auteur.

 

Les informations manquent sur l'enfance et la jeunesse d'Eugène à Wegscheid et la naissance de sa vocation artistique. Vers 1850, on le trouve à Paris où il s'est formé à l'école des maîtres prestigieux que sont Eugène Delacroix (1798-1863) et Camille Corot (1796 -1875). Si Eugène Arbeit a puisé dans la veine romantique de Delacroix, il semble qu'il ait davantage été influencé par le regard rêveur et méditatif de Corot. Comme celui-ci, Arbeit a travaillé à la fois comme paysagiste et comme portraitiste, avec sans doute plus de réussite dans cette dernière discipline.

Peut-être sur les conseils du grand amoureux de l'Italie qu'était Corot, Eugène Arbeit a complété son cursus par un séjour de deux ans à Rome et à Naples. Au Vatican, il a exécuté une copie de la tête de Sainte-Madeleine d'après l'original du peintre italien de la Renaissance, Andrea del Sarto (1486-1530). En 1851, Arbeit a fait don de cette copie à la Société Schöngauer de Colmar.

Eugène Arbeit a alors 27 ans ; à partir de cette date et au moins jusqu'en 1893, on trouve son nom parmi les exposants de nombreux salons : le Salon de Paris, la Société des Amis des Arts de Strasbourg, la Société des Arts de Mulhouse, l'exposition des Beaux-Arts de Saint-Dié entre autres.

La production d'Eugène Arbeit comporte plusieurs facettes. Il a peint des scènes religieuses, notamment pour orner l'église de Kirchberg, sa paroisse. Les plus anciens se souviennent d'un retable et d'une représentation des quatre évangélistes de sa main. Hélas, vers 1965, ses œuvres, ainsi que toute la décoration du XIXe siècle, ont été bannies du sanctuaire lors de la modernisation intérieure de l'édifice à la suite du concile Vatican II.    

Eugène Arbeit s'est également essayé à l'illustration de livres d'Erckmann-Chatrian. Cependant, son nom reste avant tout attaché à la peinture de genre. Il a pris ses sujets dans la vie de sa vallée natale, peignant des paysages familiers et des portraits de jeunes Alsaciennes de son entourage.

 

Tableaux d'Eugène Arbeit inspirés par la vallée de Masevaux. 

Les images ci-dessus sont publiée sur le site "Bertrand Klein, antiquités" : https://alsace-antiquaire.com

 

Quelques évènements de la vie de l'artiste nous permettent de suivre le cours de son existence. 

En 1853, Eugène Arbeit s'est marié avec Marie Antoinette Grisez, de 12 ans sa cadette, fille d'un cultivateur propriétaire d'Eteimbes. Eugène était alors domicilié à Lachapelle-sous-Rougemont où il était professeur de dessin au Petit Séminaire. Pendant cette période, il a peint pour l'oratoire de l'abbé Lapostolest à Valdoie une toile représentant la Vierge tenant sur ses genoux l'enfant Jésus.

Par la suite, Eugène Arbeit a également enseigné le dessin au Collège Épiscopal Saint-Étienne de Strasbourg, mais sans qu'on connaisse les dates de ce séjour strasbourgeois.

"Le lac de Sewen en Alsace" par Eugène Arbeit. 

 Image publiée sur le site LotSearch : https://www.lotsearch.net/

En 1857, le couple Arbeit habitait à Neuilly-sur-Seine. C'est là qu'est née Antoinette, leur premier enfant. Quatre ans plus tard, en 1861, lors de naissance de leur fils Eugène, la famille était revenue à Wegscheid.

 

 

 

Vue récente de la maison de Wegscheid, aujourd'hui au n°45 rue Georges Pompidou, où habitaient Eugène Arbeit et sa famille lors du recensement de 1866. 

 

 

Photo de l'auteur.

 

Après la guerre de 1870 et la cession de l'Alsace à l'Allemagne, contrairement à nombre d'artistes alsaciens, Arbeit n'a pas opté pour la nationalité française et s'est fixé définitivement à Wegscheid. Pendant vingt ans, de 1876 à 1896, il a été maire de cette commune.

 

 

 

 

"Portrait d'enfant à l'écharpe rouge", par Eugène Arbeit.

Image publiée sur le site "Artprecium" :

https://www.artprecium.com/

 

 

 

 

"Jeune fille pensive", portrait par Eugène Arbeit.

Image publiée sur le site "Auxerre Enchères Lefranc" :

https://www.lefranc.auction.fr/

 

 

 

Eugène Arbeit est mort à Wegscheid en 1900 à l'âge de 75 ans ; il est enterré dans le cimetière de Kirchberg. Sa famille est restée fidèle à Wegscheid. Sa fille Antoinette (1857-1951) a suivi la voie de son père et a acquis une belle réputation d'artiste-peintre. Son fils Eugène (1861-1938) a exercé la fonction de directeur d'usine textile.

 

 

 

 

Cimetière de Kirchberg : la tombe d'Eugène Arbeit et de son épouse a subi les outrages du temps.

 

 

 

 

Photo de l'auteur.

 

 

Henri Ehret, mai 2021

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Sources :

- Wikipedia, article Wegscheid.

- Geneanet, en particulier l'arbre de M. Bernard Gebel.

- Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs... d'Emmanuel Bénézit.

- Livret indicateur du musée de Colmar, Éditeur C.Decker 1860.

- Histoire pittoresque et anecdotique de Belfort et de ses environs par Auguste Corret.

- L'année artistique 1879, article de Victor Champier.

- Documents et souvenirs partagés par M. Jean-Claude Ehret, originaire de Wegscheid.

- Sur le site Rétronews, différents articles du journal mulhousien L'Express relatant les salons de peinture, ainsi que l'annonce du décès d'Eugène Arbeit parue le 4 mars 1900. 

- sites des galeries de peinture indiqués près des photos des tableaux d'E.Arbeit.

 

 

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