Histoire locale de Masevaux et proches environs.  

150E ANNIVERSAIRE DE LA GUERRE DE 1870.

Épisodes locaux de la guerre franco-allemande.  

 

Annexe 1.

Le parcours de la 5e Compagnie du 2e Bataillon de mobiles de Saône-et-Loire.

 

 

Dans un article paru le 23 novembre 1870 dans "Le Courrier de Saône-et-Loire", les deux officiers de la 5e Compagnie du 2e Bataillon de mobiles font le récit des 17 jours de marches forcées de leur unité entre Danjoutin et Chalon-sur-Saône en passant par Masevaux, Thann, Plombières, Bourbonne-les-Bains et Langres. Par cette relation, ils veulent réfuter des informations infamantes circulant sur le compte de la compagnie du fait que des mobiles débandés auraient rejoint Chalon-sur-Saône dans le désordre.    

 

 

"Notre compagnie était depuis trois jours en poste avancé à Danjoutin, petit village situé à 3 km de Belfort, lorsque nous reçûmes de notre commandant l'ordre d'aller à Thann remplacer la deuxième compagnie qui s'y trouvait déjà depuis quelque temps.

Nous partîmes donc de Danjoutin le 31 octobre pour nous rendre à Massevaux où nous devions coucher. Le lendemain matin, 1er novembre à 7 heures, nous nous mîmes en route pour Thann, animés tous de courage à l'idée de nous mesurer une première fois avec l'ennemi, car pour nous la chose était certaine, nous entendions le canon dans la direction que nous suivions. Arrivés à 4 kilomètres environ de Thann, nous découvrîmes dans la plaine entre Thann et Cernay la cavalerie prussienne se dirigeant de notre côté et qui d'après les renseignements pris par nous dans les villages où nous passions, devait être au nombre de 5 ou 6 000 hommes. Nous arrivâmes à Thann où se trouvait notre 2e Compagnie avec des francs-tireurs. Là, après un conseil tenu par les officiers réunis, on décida que nous n'étions pas en force pour résister et que le lendemain matin on partirait à 3 heures pour essayer de rentrer à Belfort par Bussang, Saint-Maurice et le Ballon d'Alsace. Après avoir couché le premier jour à Urbès, nous repartîmes le lendemain, mais arrivés au sommet du Ballon, la route de Belfort nous était fermée, la ville était cernée par un corps d'armée de 20 000 hommes environ qui commençaient le bombardement. Nous allâmes coucher au Thillot avec deux compagnies de francs-tireurs, dont l'une était commandée par le capitaine Brown échappé de Sedan et ancien capitaine de ligne ; notre 2e Compagnie était restée à Saint-Maurice. Où aller ? Que faire ? Nous étions cernés de tous côtés par l'ennemi qui se trouvait à Giromagny, Auxelles, Ronchamp, Lure, Vesoul, Saint-Loup et Bains-les-Bains. On décida que nous nous dirigerions sur Langres bien résolus à faire le coup de feu pour nous ouvrir un passage à travers les lignes prussiennes.

Le 4 novembre à 3 heures du matin, nous partîmes donc du Thillot et arrivâmes à 9 heures du soir à Ruaux, à 4 kilomètres de Plombières. Là, après avoir pris tout au plus deux heures de sommeil, nous étions debout à minuit et demie et à une heure du matin nous nous mettions en route dans les bois, conduits par des guides et dans des sentiers où nous étions obligés de marcher un à un : à 6 heures du matin nous trouvâmes un chemin plus large et nous marchions toujours, lorsque le capitaine Brown, qui était allé en reconnaissance revint vers nous précipitamment et nous arrêta en nous recommandant le plus grand silence ; une avant-garde de uhlans passait à 200 mètres de nous sur la route de Saint-Loup à Bains-les-Bains et était suivie à un ou deux kilomètres par une colonne d'environ 8 000 hommes. C'est à ce moment que, croyant à une charge de cavalerie, les francs-tireurs qui se trouvaient devant nous se sont jetés dans le bois de chaque côté de la route ; nos mobiles les ont suivis et c'est ainsi que ceux qui sont rentrés depuis à Chalon s'étant enfoncés trop avant dans le bois n'ont pu retrouver notre compagnie.

Quant à nous, après avoir traversé entre l'avant-garde et le corps d'armée dont je viens de parler, nous arrivions le soir à 7 heures à Martinvelle après avoir perdu une vingtaine d'hommes.

Le 6, nous quittions Martinvelle et nous arrivions le 8 à Langres en passant par Bourbonne-les-Bains et Neuilly-l'Évêque : c'est là que nous ont quittés les francs-tireurs qui continuèrent plus loin. Malheureusement, le général commandant la place ne put nous recevoir à cause de la quantité de troupes qui s'y trouvaient déjà. Il nous donna un ordre écrit qui a été remis à la sous-préfecture et qui est ainsi conçu : «La 5e compagnie du 2e bataillon de Saône-et-Loire partira de Langres le 11 novembre 1870 pour se rendre à Chalon-sur-Saône.» 

Nous sommes donc arrivés le 17 en passant successivement par Aubrive, Aigney-le-Duc, Les Laumes, Saulieu, Lucenay-l'Evêque et Bouches non pas après avoir perdu nos fusils et débandés comme certaines personnes malveillantes ont bien voulu le dire, mais en bon ordre et rapportant nos sacs et surtout nos armes qu'un bon soldat ne doit quitter qu'avec la vie."

                                                                            F. Grassard, capitaine 

                                                                            A. Monnier, lieutenant

 

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Annexe 2.

Liste des soldats figurant sur le monument commémoratif du cimetière de Masevaux. 

 

 

Antoine Genlot, de Massevaux, soldat au 45e de ligne, mort le 23 septembre 1870.

Barthelemy Morel, d'Usson, garde mobile de la 5e compagnie du 1er bataillon de la Loire, mort Ie 23 octobre 1870.

Jean-Baptiste Guyotte, de Chaumercenne, garde mobile de la 4e compagnie du 1er bataillon de la Haute-Saône, mort le 11 novembre 1870.

Joseph Necktoux, de Broye-les-Besmes, garde mobile de la Haute-Saône, mort le 21 décembre 1870.

Alphonse Buisson, de Lyon, chasseur à pied, mort le 25 janvier 1871.

Pierre Boucher, de Saint-Prangin (Deux-Sèvres), soldat au 92e de ligne, mort le 9 février 1871.

Martial Eilliat, de Lubersac (Corrèze), soldat au 68e de marche, mort le 12 février 1871.

Johann Kaiser, soldat de la 3e colonne d'approvisionnement de la division badoise de Ladenburg près Mannheim, mort le 4 février 1871.


 

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