Rares émotions sportives dans la vallée de Masevaux au XXe siècle.
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Le hasard de la découverte d'un document, texte, photo, journal, article de site internet, nous remémore la joie et l'exaltation, mais aussi l'amertume et la déception que le sport a pu apporter à nos prédécesseurs. | |||
1901 : à vélo via le Sternsee ! |
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A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le sport connaît ses premiers développements en France. Si le tennis, l'escrime, l'équitation, le yachting restent les disciplines des classes privilégiées, le cyclisme devient rapidement le sport le plus pratiqué. Les premiers clubs sont créés dans les années 1880 et, en 1896, le cyclisme devient sport olympique. Les améliorations techniques des vélocipèdes favorisent l'essor des courses souvent organisées et relatées par la presse, ainsi que la naissance du cyclotourisme pratiqué par la bourgeoise sportive. A l'aube du XXe siècle, le principal journal sportif français est "L'Auto-Vélo", fondé en 1900 :
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Origine de l'image : Gallica Devenu "L'Auto" en 1903, ce quotidien, sous la direction de Henri Desgranges, entre dans l'histoire en créant le "Tour de France". Le 24 août 1901, l' "Auto-Vélo" publie ce petit article :
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1928 : sports nautiques aux Neuweiher. |
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Les deux lacs des Neuweiher, malgré leur nom signifiant "nouveaux étangs", sont en réalité fort anciens. Ils occupent des cirques de l'ère quaternaire à l'amont de verrous glaciaires sur lesquels ont été élevés des barrages de retenue au XVIe siècle dans le but de fournir l'énergie hydraulique aux forges et martinets d'Oberbruck. Après différentes péripéties (dont une période à la fin du XVIIIe siècle où ils furent asséchés et transformés en prairies), les lacs retrouvèrent leur vocation industrielle au XIXe siècle, quand leur nouveau propriétaire, le manufacturier Joseph Zeller, fit surélever la digue du grand étang de 4 mètres à 12 mètres. Jusqu'à la cessation de l'activité textile en 1961, les Neuweiher apportèrent leurs eaux à la conduite forcée qui alimentait la turbine de la filature d'Oberbruck. A partir de la fin du XIXe siècle, parallèlement à leur rôle industriel, les Neuweiher entrèrent également dans l'ère du tourisme. Le Club Vosgien de Masevaux, fondé en 1883, traça des sentiers balisés fréquentés par des randonneurs de plus en plus nombreux grâce à la ligne de chemin de fer Cernay-Sewen ouverte en 1901. Ainsi a été créé le sentier balisé par une croix bleue qui relie la gare d'Oberbruck aux Neuweiher par le Bas-Gresson. En 1927, le Club Vosgien de Masevaux construisit au bord du grand Neuweiher un refuge qui donna une formidable impulsion aux activités touristiques du site. Ainsi, dès 1928, fut organisée une fête nautique et sportive relatée par un des participants dans le bulletin de la Section de Mulhouse du Club Vosgien. Extraits de cet article : |
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Le succès de la fête nautique de 1928 (elle aurait attiré plusieurs milliers de personnes) détermina le Club Vosgien à la rééditer au cours des années suivantes. En 1931, elle était placée sous la présidence d'honneur du masopolitain Charles André, président du Conseil général du Haut-Rhin. Par rapport à la première manifestation, les épreuves sportives avaient été multipliées. De 10 H 30 à 13 H 30, 11 épreuves de nage de 50 m à 200 m ont été disputées dans les catégories messieurs, dames, juniors, minimes et non-licenciés. La matinée s'est terminée par le challenge Charles André, un relais 5 fois 50 m nage libre messieurs. L'après-midi, un tournoi de water-polo a opposé quatre équipes ; entre les matches, des intermèdes divertissants comme des plongeons ou des jeux comiques faisaient patienter les spectateurs. Une fête montagnarde, avec un bal champêtre et de nombreuses attractions, ainsi qu'un feu d'artifice, ont complété le caractère festif de la journée. A noter que dans leurs sermons, les curés de la vallée s'étaient répandus en diatribes contre les fêtes aux Neuweiher qui dans leur esprit contrevenaient aux bonnes mœurs. Pour répondre à l'afflux des spectateurs venus de toute la région, des trains supplémentaires avaient été mis en service entre Mulhouse et Oberbruck. Les Neuweiher attiraient également les sportifs en hiver. En février 1936, L'Express de Mulhouse signalait qu'une épaisse couche de glace couvrait les deux lacs. Le club vosgien informait les amateurs de patinage que son refuge était ouvert tous les jours et qu'ils y trouveraient nourriture et boissons dans des locaux bien chauffés.
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Sources :
- compte-rendu de la Fête nautique : site Gallica. - historique des Neuweiher : neuweiher.canalblog - historique du Club Vosgien : https://club-vosgien-masevaux.fr/index.html - Fête nautique de 1931 et patinage en 1936 : journal L'Express de Mulhouse. |
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1967 : la flamme olympique traverse la vallée. |
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Les Jeux olympiques d'hiver de 1968 ont eu lieu à Grenoble et dans plusieurs stations du Dauphiné. Le 16 décembre 1967, la flamme olympique a été allumée à Olympie, en Grèce, puis transportée par avion jusqu'à Orly. A partir de là, le symbole olympique a effectué un périple de 7300 km à travers la France. Affrontant des conditions hivernales rigoureuses, 5000 porteurs entourés de 80 000 accompagnateurs se sont relayés pour acheminer le flambeau jusqu'au site olympique, à pied, à vélo, à ski, à cheval, à la nage, à la rame ainsi que par des moyens mécaniques comme l'hélicoptère ou l'escorteur de la marine nationale. On estime que plus de 2 millions de spectateurs se sont pressés sur le parcours et que cet acheminement a été la plus grande manifestation omnisports jamais organisée en France. La vallée de Masevaux a eu la chance de participer à cette ferveur sportive. Le 25 décembre 1967, jour de Noël, la torche olympique, venant de Saint-Maurice-sur-Moselle, est arrivée au Ballon d'Alsace. A 13 heures 10, elle a été transmise au Ski-Club Vosgien de Masevaux qui a descendu la piste noire du Langenberg, puis a atteint Sewen par la route. Elle a traversé ce village dans les mains des clubs locaux de judo et de ski qui l'ont transmise aux basketteurs du Cercle Saint-Augustin de Rimbach et aux footballeurs de l'Union Sportive d'Oberbruck. A l'entrée de Wegscheid, les footballeurs de l'Association Sportive Kirchberg-Wegscheid ont pris le relais, avant de confier le flambeau aux sportifs masopolitains : Société de gymnastique, Société sportive Saint-Martin, Football-Club et Ski-Club. A 14 heures 10, le maire de Masevaux, M. Roth, a placé la flamme sur un podium érigé place Clemenceau où elle est restée exposée une vingtaine de minutes à l'admiration d'un nombreux public. A 14 heures 30, passant sous une voûte de bâtons de skis dressés par les membres du Ski-club, le flambeau a repris son chemin jusqu'à la route Joffre. Là, il a été fixé sur le sac à dos d'un cycliste mulhousien qui l'a emmené, via le Hundsruck, jusqu'à Bitschwiller-les-Thann.
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Sources :
- Patrimoine Doller, n°2, article de G. Zimmermann. - Écho d'Oberbruck Autome-Hiver 2008/2009, article de B. Comte. - site du COLJOG : Conservatoire Observatoire et Laboratoire des Jeux Olympiques de Grenoble. |
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1978 : le FC Masevaux défie l'élite. |
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Le Football Club 1915 de Masevaux est né dans les circonstances particulières de la Première Guerre mondiale. Reconquise par l'armée française depuis le 7 août 1914, Masevaux est pendant tout le conflit le lieu de cantonnement de nombreux soldats et officiers, à la fois renforts venus de l'arrière en attente de monter au front et unités au repos après les combats dans les tranchées. Ce sont ces militaires qui ont initié les jeunes masopolitains au football : ceux-ci ont fait leurs premières armes en servant de sparring-partners lors de matchs contre des soldats français, anglais ou tchèques stationnés dans la ville. En 1926, le club, nommé d'abord ASM (Association Sportive de Masevaux), devient le Football Club de Masevaux. La même année, la municipalité lui concède un terrain dans l'anse de la Doller, à l'emplacement actuel de la piscine. Pendant les décennies suivantes, le FC Masevaux connait des hauts et des bas, tant dans le domaine sportif que matériel et humain. Treize joueurs ont perdu la vie lors de la Seconde guerre mondiale. Le terrain a été dévasté par une crue en 1947 et en 1949 la tribune a flambé. Sur le plan sportif, montées en Promotion et relégations en Division 1 ou 2 se succèdent. C'est au milieu des années 1970 que le club connaît sa plus faste période. Sur un stade tout neuf inauguré en 1969, grâce à un judicieux amalgame de talents locaux et de joueurs recrutés dans la région, l'équipe fanion accède en Division d'Honneur et, en 1976, est sacrée championne d'Alsace. Le club tente l'aventure du championnat de France en Division 3, ce qui fait venir à Masevaux des professionnels de Mulhouse, Nancy, Metz, Sochaux avec des joueurs comme Arsène Wenger, Joël Bats, Bernard Genghini... La coupe de France 1977-1978 apparaît comme l'apogée, mais aussi comme le chant du cygne du FC Masevaux. Le club passe avec succès les 7 premiers tours et atteint les 32èmes de finale qui l'opposent au FC Metz, équipe de Division 1 nationale. Trois jours avant la rencontre prévue le 29 janvier à Mulhouse, le journal "L'Équipe" publie cet article :
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Hélas, le rêve se brise, la lutte entre le petit Poucet de Division d'Honneur et l'ogre de Première Division est trop inégale : Masevaux s'incline par 5 buts à 0. Après cette brillante période, le FC Masevaux quitte l'élite régionale. Il poursuit cependant son activité jusqu'à nos jours avec persévérance, formant de jeunes pousses qui ambitionnent d'égaler un jour leurs glorieux aînés du siècle passé.
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Sources :
- journal "L'Équipe". - site : https://fc-1915-masevaux.footeo.com/page/histoire-palmares.html |
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A suivre, au hasard de la découverte de nouveaux documents... Henri Ehret, juillet 2019. Mise à jour, janvier 2021. |
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