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Parmi les multiples bouleversements de la période révolutionnaire, la crise religieuse due au schisme qui a déchiré l'Église catholique française a certainement été l'un des plus perturbants pour la population locale. |
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Origine du clergé constitutionnel. A la fin du XVIIIe siècle, dans le sud de l'Alsace, le catholicisme est la religion prédominante. Depuis des temps immémoriaux, l'Église catholique exerce sur la population à la fois son autorité spirituelle et son pouvoir économique. Elle dirige les consciences et règle la vie sociale. En 1789, les premières mesures de la Révolution dans le domaine religieux — suppression de la dîme et vente des possessions de l'Église comme biens nationaux — contentent les habitants sans porter atteinte à leur foi ou à leurs rapports avec leurs prêtres. Mais lorsque en 1790, l'Assemblée nationale vote la Constitution civile du clergé, c'est la nature millénaire de l'Église catholique qui est mise en question. La nouvelle loi la transforme fondamentalement. Désormais l'Église ne sera plus une institution sous l'autorité papale, mais, soumise à l'État, devra suivre les principes nouveaux de la souveraineté populaire. Les curés et évêques seront élus au même titre que les autres responsables des administrations locales. Ils deviendront des fonctionnaires payés par l'État qui, en retour, exige qu'ils prêtent le serment suivant : "Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m'est confiée, d'être fidèle à la Nation, à la Loi, au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le Roi."
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Le schisme. |
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C'est le refus de la moitié environ des ecclésiastiques de prêter ce serment condamné par le pape qui déclenche le schisme. Bientôt deux Églises vont s'opposer : l'une dite "constitutionnelle", composée des prêtres qui ont prêté serment (les "jureurs" ou "assermentés"), l'autre fidèle au pape, regroupant les prêtres non-jureurs, dits "réfractaires". En 1791, un décret déclare que les prêtres réfractaires sont démissionnaires et leur interdit d'exercer leur ministère. Les églises sont réservées au seul clergé salarié de l'État. Des élections pourvoient au remplacement des prêtres révoqués ainsi qu'à la nomination de 80 évêques, un par département. De nombreux catholiques sont alors placés devant un cas de conscience : doivent-ils se rallier aux prêtres constitutionnels en règle avec la loi, ou bien rester fidèles aux prêtres réfractaires qui ne se privent pas d'alléguer que les sacrements dispensés par les prêtres jureurs sont sans valeur ? Dans notre secteur géographique, et plus généralement dans le sud-ouest du Haut-Rhin, le clergé se montre favorable à la Constitution civile du clergé. Une majorité d'ecclésiastiques prêtent serment. C'est le cas des deux personnalités auxquels cette étude est dédiée : Marc-Antoine Berdolet et Jean-Henri Weiss.
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Marc-Antoine Berdolet. Marc-Antoine Berdolet naît le 13 septembre 1740 à Rougemont-le-Château où son père est maître d'école. Après des études au collège de Porrentruy, il s'oriente vers la carrière ecclésiastique en intégrant le séminaire de Besançon. Il dit sa première messe dans cette ville en 1767 et devient vicaire à Belfort. En 1770, il obtient la cure de Phaffans où il est curé doyen, puis doyen rural de Haute-Alsace en 1787. En 1789, Berdolet participe à la rédaction du cahier de doléances du clergé de Belfort et se rallie aux idées nouvelles de la Révolution. Probablement animé par ses convictions gallicanes, il prête serment à la Constitution civile du clergé le 6 février 1791. Il continue d'administrer sa paroisse de Phaffans avec, comme premier vicaire, l'abbé réfractaire Jean-Pierre Courtot. Mais après 1791, l'évolution des évènements révolutionnaires entraîne une grave dégradation de la situation religieuse. Lorsque à l'automne 1793 la Terreur entre en vigueur, la persécution des prêtres, d'abord limitée au seul clergé réfractaire, touche également le clergé constitutionnel. La déchristianisation est à l'ordre du jour : des églises sont fermées, les cultes entravés, les prêtres encouragés à se défroquer, le calendrier grégorien remplacé par le calendrier républicain, les calices et ostensoirs en métaux précieux ainsi que les cloches saisis pour être fondus. Toutes manifestations jugées favorables au "fanatisme" sont durement réprimées, comme lors de "l'affaire de Hirsingue" le 9 juin 1794 : Dans cette commune du Sundgau, malgré le climat anti-chrétien, le curé constitutionnel André Gassmann, assisté de trois autres prêtres jureurs, a maintenu la fête catholique traditionnelle en l'honneur de Saint-Fortuné, le lundi de Pentecôte 1794. Une dénonciation montée jusqu'au Comité de Salut Public a accusé le clergé local d'avoir fait bombance et que les réjouissances dûment arrosées se seraient terminées par l'abattage de l'arbre de la Liberté.* * En réalité, il semble qu'en raison d'un conflit entre factions villageoises, ce soit un sapin érigé pour fêter l'élection d'un agent national, et non l'arbre de la Liberté, qui ait été renversé. Toujours est-il que cette accusation a fait tomber des sanctions terribles sur la commune de Hirsingue et le clergé local. En guise de représailles, les représentants du peuple en mission, Hentz et Goujon, ordonnent le 22 juillet 1794 l’arrestation de tous les prêtres des trois départements : Haut-Rhin, Bas-Rhin et Mont-Terrible [formé par le territoire de Porrentruy, alors français] C'est ainsi que Marc-Antoine Berdolet est incarcéré avec de nombreux confrères tant jureurs que réfractaires à la citadelle de Besançon dans d'éprouvantes conditions. Il en a laissé ce récit : "Arrivés là, tous furent fouillés et jetés enfin dans les prisons. Celles-ci n’ayant pu suffire pour les contenir tous, on fut obligé de remplir de prisonniers l’église de la citadelle. On était pêle-mêle avec la vermine, qui régnait surtout dans les salles de discipline. On se trouvait à quinze ou seize réunis dans une chambre où il y avait d’ordinaire que quatre ou cinq lits. On s’attendait journellement à être mitraillé. Le canon fut chargé à la mitraille sous les yeux des prêtres ; la mèche était continuellement allumée et un canonnier de faction était là, avec ordre de faire feu, pour peu qu’il entendît du bruit. Le quartier où l’on était renfermé, était investi de sentinelles, de douze pas en douze pas."
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C'est lors de cette épreuve que Berdolet, par sa fermeté d'âme, acquiert le prestige et l'autorité morale qui expliquent sa future carrière. Joseph Monpoint, vicaire de Berdolet à Phaffans puis secrétaire de l'évêque et son compagnon de détention, en a témoigné : "Jeté dans les prisons, on crut affaiblir son courage. Mais j’ose le dire, moi qui partageais son infortune et son cachot, la manière avec laquelle il a supporté sa captivité l’a rendu un objet de vénération pour tous ceux qui en furent les témoins. Sa contenance assurée à l’aspect des instruments de mort préparés sous nos yeux pouvait apprendre à nos geôliers qu’il existait encore parmi nous des hommes capables de se réjouir dans les souffrances et les persécutions qu’ils enduraient pour la cause de Jésus Christ et de marcher fièrement à la mort." En raison de sa ténacité et de la solidité de ses convictions, Berdolet est alors surnommé "l'opiniâtre de Phaffans." Par bonheur pour lui, la chute de Robespierre le 27 juillet 1794 amène une fin rapide à sa détention. Un décret du 11 août 1794 rend la liberté à ceux des prêtres qui avaient "toujours manifesté le plus pur patriotisme et la plus entière soumission aux lois." Depuis le début de 1795, le culte catholique est à nouveau autorisé pour les prêtres assermentés. Berdolet reprend son ministère à Phaffans, mais son journal trahit son amertume après les persécutions subies par les partisans mêmes de la République.
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Un mentor : l'abbé Grégoire. Berdolet retrouve cependant ressort et même exaltation grâce à Grégoire, évêque constitutionnel du Loir-et-Cher, dont il adopte l'autorité spirituelle et l'idéal humaniste républicain. Henri Grégoire (1750-1831), communément appelé "Abbé Grégoire" est une des grandes figures de la Révolution française. En 1789, ce curé de campagne lorrain, ouvert aux Lumières, philanthrope, soucieux de l'éducation morale et économique de ses ouailles, ami du pasteur Jean-Frédéric Oberlin, est élu député aux États généraux. A l'Assemblée Constituante, il réclame l'abolition totale des privilèges et participe à la rédaction de la Constitution civile du clergé à laquelle il est le premier à prêter serment. Élu évêque constitutionnel du Loir-et-Cher, il est également nommé député à la Convention où, malgré la Terreur, il siège en habit ecclésiastique, ne craignant pas de condamner la déchristianisation et de réclamer la liberté des cultes. L'abbé Siran, bien qu'adversaire de Grégoire, a dit de lui : "Grégoire, évêque de Blois, fit preuve d'héroïsme, seul il eut le courage de résister au torrent, il exposa sa tête pour ne pas compromettre les principes".
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Grégoire a confié : "Ma voix et ma plume n'ont cessé de revendiquer les droits imprescriptibles de l'humanité souffrante, sans distinction de rang, de croyance, de couleur." Cet idéal guide son action à la Convention. En 1791, il fait adopter l'égalité des droits civils pour les Juifs et en 1794 il obtient l'abolition de l'esclavage des Noirs. Il est également la cheville ouvrière du Comité d'instruction publique dont il voudrait faire la priorité de la Nation. Il est à l'origine de la création de l'Institut, du Conservatoire des Arts et Métiers et oeuvre pour la conservation des monuments patrimoniaux qui sont alors la cible de graves dégradations. Après la Terreur, Grégoire entreprend de régénérer l'Église constitutionnelle affaiblie par la déchristianisation et les démissions de nombreux prêtres et évêques. Il constitue avec quatre autres évêques les "Evêques réunis". Ce groupe envoie une encyclique dans tous les départements, prônant l'élection dans chaque diocèse d'un presbytère* pour aider l'évêque à administrer son diocèse et organiser les élections pour pourvoir aux postes vacants. *presbytère ou presbyterium : conseil de prêtres ayant pour rôle d'assister l'évêque. |
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Berdolet élu évêque. Le Haut-Rhin accueille les directives des "Réunis" avec enthousiasme et, le 22 septembre 1795 à Soultz, élit les douze membres de son presbytère, dont Berdolet. Le premier évêque constitutionnel du Haut-Rhin, Arbogast Martin, étant mort en 1794, le presbytère organise le 3 avril 1796 l'élection d'un nouvel évêque par tous les catholiques de sexe masculin âgés de 21 ans. Lors du dépouillement fait à Aspach-le-Bas le 19 avril, aucun candidat n'obtient la majorité des deux-tiers exigée. Le 24 avril 1796, le second scrutin où la majorité absolue suffit, donne 6990 voix sur 12682 à Marc-Antoine Berdolet qui est ainsi élu évêque du Haut-Rhin. Sa consécration est célébrée le 15 août 1796 dans l'église des Dominicains de Colmar par Mgr Maudru, évêque des Vosges, Mgr Brendel, évêque du Bas-Rhin et Mgr Flavigny, évêque de Haute-Saône. N'ayant pu trouver de résidence appropriée à Colmar, Berdolet établit son évêché à Soultz où il siège avec son plus proche collaborateur, l'archidiacre Jean-Henri Weiss.
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Jean-Henri Weiss. Jean-Henri Weiss naît à Kirchberg le 13 septembre 1761. Après des études théologiques à Porrentruy, il est ordonné prêtre en 1786. D'abord professeur à Metz, il rejoint à la veille de la Révolution le clergé séculier comme curé de Masevaux. Il adhère aux idées nouvelles avec enthousiasme et prête serment à la constitution civile du clergé. Comme Berdolet, il est victime de l'arrêté des représentants Hentz et Goujon et interné dans la citadelle de Besançon. Après l'élection de Berdolet au siège épiscopal, Weiss donne sa démission comme curé de Masevaux et rejoint Soultz en tant qu'archidiacre de l'évêque élu. Il l'assiste et administre le diocèse en son absence.
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Difficultés et succès du ministère de Berdolet. Mgr Berdolet s'engage dans son ministère le cœur plein d'idéal et l'esprit disposé à l'ouverture. A l'instar de Grégoire, il croit que l'on peut en même temps être bon chrétien et bon patriote, et que les fidèles puiseront dans la religion des motifs de chérir la République. Après les ravages de la Terreur, l'évêque élu se sent ramené aux premiers siècles du christianisme où il faut rebâtir sur des fondements nouveaux. Dans sa lettre pastorale du 16 août 1796, l'évêque de Colmar appelle au rassemblement des prêtres jureurs : "J'exhorte tous mes frères les curés qui ont cru pouvoir s'éloigner de leurs troupeaux dans les temps de trouble, et qui ne sont pas encore rentrés dans leurs paroisses, de faire pour l'amour de Dieu les sacrifices qu'exige d'eux le salut de leurs ouailles, pour revenir au plus tôt au milieu d'elles reprendre le soin de leurs paroisses." Il se tourne également vers les prêtres réfractaires auxquels il propose la réconciliation : "Venez donc, Messieurs, venez unir vos efforts aux nôtres pour éteindre à jamais nos divisions et pour défendre la religion contre les attaques d'une légion d'implacables ennemis qui se coalisent pour la perdre. Venez à cette assemblée jouir des embrassements et des égards qui vous seront prodigués par des frères qui vous aiment tendrement..." Et malgré son serment constitutionnel, le nouvel évêque ne s'estime pas séparé du pape auquel il écrit : "Reconnaissant et vénérant en la personne de votre sainteté la primauté de l’honneur et la juridiction, je lui rends mes hommages et promets obéissance canonique. Appelé à paître une partie du troupeau de Jésus-Christ qui m’est confié solidairement je tâcherai de remplir les devoirs sacrés de mon poste avec fidélité et exactitude." Berdolet a le souci de diriger son diocèse en union avec ses prêtres et en liaison avec l'Église constitutionnelle. Au niveau départemental, il convoque à Soultz deux synodes diocésains en 1798 et 1800 et sur le plan de la France, il participe aux deux conciles nationaux organisés à Paris en 1797 et 1801, ainsi qu'au concile métropolitain de Besançon en 1800. Il est en relation épistolaire régulière avec Grégoire à qui il confie ses succès et ses déboires. En 1799, un voyage de Grégoire en Alsace, s'il ne suffit pas à fortifier l'Église constitutionnelle, du moins met du baume au cœur de Berdolet.
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Car l'Église constitutionnelle est confrontée à de grandes difficultés. Depuis le 21 février 1795, la République a entériné la séparation des Églises et de l'État. Les prêtres ne sont plus salariés et ne vivent que de la générosité des fidèles. Or ceux-ci, selon les paroisses, hésitent à suivre le clergé officiel. Berdolet est poursuivi par la haine inexpiable du clergé réfractaire qui l'appelle "der heillose Berdolet" [Berdolet l'impie]. De plus en plus nombreux sont les prêtres réfractaires qui reviennent de Suisse et d'Allemagne où ils s'étaient réfugiés dans l'espoir de retrouver leurs anciennes fonctions. Berdolet s'en plaint à Grégoire : "Les départements limitrophes [comme le Haut-Rhin] fourmillent de prêtres déportés et émigrés de toute espèce, surtout de l’espèce ignorante ou peu édifiante. Ils ont rapporté leurs maximes ultramontaines, leur morgue et toute leur haine contre nous... Ils ont leur pierre sacrée particulière qu’ils placent sur la nôtre pour dire la messe. Ils ont un bénitier particulier et de la meilleure eau bénite. Ils ont même un meilleur bon Dieu." En 1798, Berdolet pense pourtant remporter une victoire décisive. Sollicités par Thomas Muller, doyen du chapitre rural de Neuf-Brisach, six docteurs en théologie de l'université de Fribourg-en-Brisgau reconnaissent la légitimité de l'Église constitutionnelle et la validité des sacrements qu'elle dispense. C'est dans la vallée de la Doller où les catholiques lui sont majoritairement acquis que Berdolet solennise ce succès. Après avoir procédé à la confirmation à Masevaux et à Sewen, l'évêque, accompagné du clergé de la vallée et des notables locaux, gravit le Ballon d'Alsace où il rencontre son homologue de Saint-Dié, Mgr Maudru, à qui Berdolet présente le texte des théologiens de Fribourg. Les annales de la paroisse de Sewen ont conservé le compte-rendu de cette journée mémorable :
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Cependant, la sentence favorable de l'université de Fribourg n'efface pas réellement les préventions de la majorité catholique envers le clergé assermenté, si bien que pendant les années suivantes l'Église officielle poursuit une existence précaire. Après le coup d'État de Bonaparte du 18 Brumaire (9 novembre 1799) Berdolet prend conscience que la situation religieuse va être bouleversée. Le Premier consul veut rétablir la paix entre le pape, les catholiques et l'État tout en exerçant son contrôle sur l'Église de France. Il négocie un accord avec le pape qui est concrétisé par la signature du Concordat le 15 juillet 1801, ratifié par le pape le 15 août 1801 et entré en vigueur le jour de Pâques 18 avril 1802. Berdolet est alors à Paris pour le second concile national en 1801. Il suit de près les évènements, espérant garantir son avenir et celui de son clergé. Il tombe sous le charme de Napoléon Bonaparte dont il dit : " Bonaparte est heureux en tout. Je l’ai vu ce jour-là à la grande parade à son aise. Il faut avouer que sa petitesse et la simplicité de sa figure contrastent avec la grandeur de son génie." Dans l'esprit de la réconciliation avec Rome, Berdolet entre également en contact avec le nonce, le cardinal Caprara. Le Concordat signifie la fin de l'Église constitutionnelle, mais pour Berdolet c'est une avancée et non un échec. A Jean-Henri Weiss, resté à Soultz, il écrit : "Ce qui est certain, c’est qu’un arrangement entre le gouvernement et le pape est fait. L’Église de France ressuscite et reprend un rang dans l’État. Mais elle sera régénérée de telle manière qu’il n’y aura plus deux ou plusieurs sortes de catholiques."
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Après le Concordat. Le Concordat entraîne une refonte totale du corps épiscopal et un vaste mouvement de déplacements des curés. Comme tous ses confrères assermentés, Berdolet démissionne de son poste épiscopal en 1801. Le 30 mai 1802, il est nommé par Bonaparte évêque d'Aix-la-Chapelle : son diocèse s'étend sur les départements de la Roër et de Rhin-et-Moselle, comprenant d'importantes villes comme Cologne, Coblence, Bonn. De son côté, Jean-Henri Weiss reste provisoirement à Soultz ; en 1803 il est nommé au poste important de curé de Thann.
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Mgr Berdolet rejoint sa ville épiscopale le 25 juillet 1802. Il adresse aussitôt une lettre de soumission au pape Pie VII, mais celui-ci ne ratifie sa nomination qu'en 1805 en y insérant un blâme pour sa conduite passée. Le ministère de Berdolet à Aix-la-Chapelle dure 7 ans jusqu'à sa mort à Cologne le 13 août 1809 à l'âge de 68 ans. Malgré sa situation délicate en tant que Français dans un territoire allemand annexé et ses mauvaises relations avec le pape, Berdolet a su gagner la sympathie de ses diocésains par sa bonté d'âme et sa douceur. Son cœur est scellé dans la cathédrale d'Aix-la-Chapelle tandis que son corps est inhumé dans l'ancien cimetière de la ville. Après lui, aucun évêque n'a occupé son poste et l'évêché est supprimé en 1821. Napoléon a reconnu les services de Berdolet en le nommant baron d'Empire et en lui décernant la Légion d'Honneur.
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Jean-Henri Weiss administre la paroisse de Thann jusqu'en 1816, date à laquelle il se retire dans son village natal de Kirchberg où il meurt le 3 décembre 1847, à l'âge de 86 ans.
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Conclusion. Marc-Antoine Berdolet et Jean-Henri Weiss ont traversé la tourmente révolutionnaire avec plus de douleurs que de satisfactions. Comme leur inspirateur, l'abbé Grégoire, ils ont subi "la calomnie, la fureur, la rage" en raison de leur adhésion à des idées trop nouvelles pour une grande partie de leurs contemporains. Pourtant aujourd'hui, les valeurs portées par ces ecclésiastiques font l'unanimité. En 1831, l'abbé Grégoire est au ban de la société : harcelé jusqu'à l'article de la mort pour qu'il rétracte ses convictions, l'Église lui refuse les derniers sacrements. Mais en 1989, le voici au faîte des honneurs : à l'occasion du bicentenaire de la Révolution, la nation transfère ses cendres au Panthéon. Celui que Napoléon appelait "Tête de fer" et que Louis XVIII a exclu de la Chambre pour "indignité nationale" est aujourd'hui une figure emblématique de la conscience humaine. Plus modestement, et peut-être sans en avoir conscience, Marc-Antoine Berdolet et Jean-Henri Weiss ont été dans notre département du Haut-Rhin, les précurseurs de ces idéaux nouveaux qui sont maintenant les nôtres. * * * |
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Henri Ehret, janvier 2022. |
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Voir aussi l'étude consacrée à un autre prêtre constitutionnel : François-Joseph Lothringer. |
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Sources. Wikipedia Revue catholique de l'Alsace 1897-11, article : "Marc-Antoine Berdolet, évêque constitutionnel du Haut-Rhin." (sur le site Gallica.) Lettre circulaire du citoyen Marc-Antoine Berdolet, évêque de Colmar aux prêtres incommunicans et insermentés" (sur le site Gallica.) Patrimoine Doller n°9, article "Prêtres et Révolution dans la haute vallée de la Doller" par Denis Fluhr.
Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace. de Fr. Edouard Sitzmann, 1909-1910 Sites web : https://www.alsace-histoire.org/netdba/berdolet-marc-antoine/ https://journals.openedition.org/ahrf/1514 (Religion et Révolution en Alsace, par Claude Muller.)https://books.openedition.org/larhra/4835?lang=fr (Les évêques constitutionnels alsaciens, par Claude Muller.)https://histoire-image.org/fr/etudes/revolution-eglise-1791https://musee-abbe-gregoire.fr/un-homme/sa-biographie Geneanet, arbre de Antoine Simoneton Leonore, site de la Légion d'Honneur. site : Hirsingue Patrimoine. blog : Bienvenue à Montreux-Vieux. |