(Sauf indications particulières, les photos sont des photos de famille ou des photos de l'auteur.) |
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Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs familles du nom de Blind vivent à Barr, petite ville du vignoble bas-rhinois, à 25 km au sud-ouest de Strasbourg. Parmi eux, André Blind, exploitant forestier et son épouse née Anne-Marie Bechdolff. En 1786, naît dans ce couple une fille prénommée Frédérique. En 1812, Frédérique Blind, qui n'est pas mariée, donne naissance à un garçon de père inconnu. Elle le prénomme Frédéric, prénom qui se transmettra sur plusieurs générations.
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Barr, nichée au pied des Vosges dans son écrin de vignes.
Origine de la photo : https://www.barr.fr/ |
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On retrouve ce premier Frédéric Blind, cultivateur à Belmont, petit village de montagne dans la haute vallée de la Bruche. En 1839, il s'y marie avec une jeune fille du lieu, Catherine Sionite Groshens.
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Belmont aujourd'hui : situé à 800 m d'altitude, le village compte environ 160 habitants. |
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Après ce mariage, il est probable que Frédéric Blind et sa jeune épouse aient émigré aux États-Unis. En effet, on sait que Catherine Groshens est décédée à New York, ce qui a peut-être découragé Frédéric de s'implanter en Amérique, car il est de retour à Belmont en 1846. A cette date, il se remarie avec une autre jeune fille du même village, Louise Mélanie Morel. La profession de Frédéric est alors "garde terrassier", c'est à dire qu'il est employé par la commune pour entretenir les chemins, les fossés, et autres équipements publics. Trois ans après, en 1849, toujours à Belmont, naît leur fils Frédéric Emmanuel Blind. Plus tard, la famille Frédéric Blind / Louise Morel s'installe à Muttersholtz, village de la plaine d'Alsace à l'est de Sélestat. C'est là qu'ils décèdent tous les deux au cours de l'année 1869. Comme son père, c'est à Belmont que Frédéric Emmanuel Blind trouve une épouse. Il se marie en 1872 avec Louise Angélique Claude. Les familles alliées aux Blind par les mariages à Belmont sont établies depuis des générations dans cette région appelée le Ban de la Roche. Cette enclave protestante de huit villages montagnards est dotée d'un particularisme très fort, dû à la fois à son isolement géographique et à sa spécificité religieuse. Le Ban de la Roche, comté obscur et miséreux jusqu'alors, est devenu célèbre en France et en Europe en raison de l'œuvre sociale et pédagogique du pasteur Oberlin (1740–1826). Les ascendants de Louise Mélanie Morel et Louise Angélique Claude viennent de tous les villages du Ban de la Roche : Belmont, Waldersbach, Fouday, Solbach, Bellefosse, Rothau, Neuwiller et Wildersbach. Ils appartiennent aux principales familles qui ont peuplé ces localités et qui sont toutes en parenté. Il s'agit notamment des Banzet, Ropp, Marchal, Stauffer, Rochel, Binkley, Bloum, Scheppler, Verly etc… Plusieurs de ces lignées descendent d'immigrants Suisses de religion anabaptiste venus du canton de Berne au XVIIème siècle, notamment de Guggisberg, Wahlern et Steffisburg.
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Le cadre de vie des Blind jusqu'au début du XXe siècle. |
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Vue sur le Ban de la Roche depuis les hauteurs de Belmont.
Ci-dessous, localisation des communes liées à l'histoire des Blind. |
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Origine de la carte : https://google.fr/maps/ |
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Plusieurs
ancêtres du Ban de la Roche ont été liés de diverses manières à la
campagne de chasse aux sorcières du début du XVIIème siècle. Ainsi
Nicolas Muller (ou Myland) (né vers 1590) a eu un fils condamné pour
sorcellerie et probablement brûlé ; sa femme a été au moins interrogée.
Pourtant Nicolas est un des assistants qui aident le bourreau lors des
exécutions. Un autre aïeul, Nicolas Claude (ou Glade), a été brûlé
comme sorcier en 1622. Il avait été dénoncé en ces termes par Odile,
épouse d'Ulrich, meunier à Trouchy : "Elle a confessé qu'elle,
Nicolas Glade, et d'autres, ont fait mourir son propre enfant en mettant
de la graisse dans sa bouillie."
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En 1879, Frédéric Emmanuel exerce le métier de facteur à Rothau où il habite avec son épouse. Un fils naît en 1895 : il s'appelle également Frédéric, mais comme entre-temps l'Alsace est devenue allemande, il est inscrit sous le prénom "Friedrich". Sa mère a alors 45 ans et lorsqu'elle décède en 1902, le petit Friedrich n'a que 7 ans. A cette date, son père, probablement retraité de son emploi de facteur, exerce le métier de cordonnier. Dans les actes, les Blind ainsi que les branches alliées sont notés "de religion protestante." |
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Friedrich Blind
a 19 ans lorsque la première guerre mondiale éclate. Il fait la guerre
dans l'armée allemande où il est décoré de la croix de fer. Toute
sa vie, il a gardé la fierté de cette distinction méritée sur les
champs de bataille.
La croix de fer de Friedrich Blind. |
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A l'issue de la guerre, en 1919, Friedrich qui s'appelle à présent Frédéric, épouse à Mulhouse Madeleine Etter. Celle-ci est la fille de Jean-Jacques Etter, peintre, né à Hégenheim, et de Madeleine Blenner, née à Gommersdorf. Les Etter sont originaires de Mülheim en Allemagne et sont venus s'installer en France au début du XIXe siècle quand l'ancêtre Jakob Etter épouse à Hégenheim Madeleine Fohrler, issue des familles Fohrler, Mahrer et Heinrich anciennement établies dans ce village. Les Blenner et les familles alliées, Frey, Peter, Bitsch, Graff, Heckly, viennent du Sundgau, de Gommersdorf, Ruederbach et Guevenatten principalement. Au moment de leur mariage en 1919, Frédéric et Madeleine habitent à Mulhouse et sont ouvriers de fabrique. Plus tard, Frédéric travaille aux Mines de Potasse d'Alsace et la famille habite une maison des mines, rue Pasteur à Wittenheim, Cité Sainte Barbe, près du puits Théodore. Leur fils Henri Louis Blind naît en 1921.
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Madeleine Etter en 1968, elle a alors 74 ans.
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La jeunesse aventureuse de Henri Blind. |
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Petit de taille, (il mesure 1 mètre 51) mais animé par une grande soif d'aventure, Henri Blind se lance dès l'âge de 17 ans dans le vaste monde. Le 27 mai 1938, il signe un engagement volontaire de cinq ans dans la marine. En 1939, il obtient à bord du navire-école "Océan" le Brevet Élémentaire d'électricien. Quand la Seconde guerre mondiale éclate, il est matelot-électricien sur le croiseur "Algérie". En 1941, le croiseur "Émile Bertin", célèbre pour avoir convoyé 300 tonnes d'or de la Banque de France vers les Antilles, l'emmène à la Martinique. Durant trois ans, Henri est rattaché aux Forces Navales des Antilles.
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Henri Blind en tenue de matelot. (photo de la carte d'identité délivrée par la Marine Nationale à Fort-de-France le 9 décembre 1941.)
Origine de la photo ci-dessous : http://forummarine.forumactif.com/t4844-france-croiseur-leger-emile-bertin |
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Le croiseur léger "Emile Bertin".
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Le séjour à la Martinique de Henri Blind connaît des aléas de toute nature : naissance puis décès d'un enfant qu'il a eu d'une compagne martiniquaise, projet non abouti de mariage, et même un séjour en prison à la suite d'une bagarre. Il quitte les Antilles en décembre 1944 sur le paquebot "Duc d'Aumale". Après être passé par Alger et Bizerte, il arrive à Toulon où il est affecté à l'atelier central de la flotte. Il y reste jusqu'à sa démobilisation le 22 août 1945. Pendant les huit mois où il est en poste à Toulon, Henri Blind va passer ses permissions chez ses parrains de guerre, les patrons de l'Hôtel Terminus de Cahors (Lot). C'est à l'occasion d'une de ses visites à Cahors qu'il rencontre Rosario Muñoz (dite Rosette) qui travaille comme fleuriste dans cette ville.
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Henri Blind, jeune homme. |
Rosario Muñoz, jeune fille. |
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Rosette est la fille de José Munõz et Angela Vicente, couple originaire de Abanilla en Espagne, où ils sont nés tous deux en 1884. | ||
Angela Vicente |
José Munõz |
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Abanilla, Viviez, Mulhouse : trois villes significatives de l'histoire des Blind-Muñoz.
Origine de la carte : https://google.fr/maps/ |
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Quand la guerre est finie, Henri Blind et Rosette Muñoz se marient en 1946 à Viviez (Aveyron). Comme le travail est rare dans cette région, le jeune couple revient en Alsace. Henri est embauché comme électricien aux Mines de Potasse. Les premières années, le couple habite chez les parents Blind, ensuite il emménage dans sa propre maison des mines, au 34 avenue Turenne à Wittenheim, Cité Ste Barbe. En 1947 naît Josiane, leur fille unique. Après être restée au foyer pendant les premières années de sa fille, Rosette occupe différents emplois. Elle travaille à l'usine Texunion de Wittenheim jusqu'à sa fermeture, puis elle gère le magasin de meubles "Le siège mondial", rue de la Moselle à Mulhouse, et enfin elle est embauchée comme retoucheuse dans un commerce spécialisé dans les tabliers professionnels. De son côté, Henri travaille au fond de la mine jusqu'à sa retraite dont il ne profite que peu d'années. Il décède en 1988 à l'âge de 67 ans.
Josiane Blind et ses parents en 1947dans le jardin de la maison familiale.
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Josiane Blind grandit à Wittenheim où elle fréquente l'école primaire jusqu'à 14 ans. | ||
Josiane à l'école maternelle... |
...et vers l'âge de sept ans.
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Ci-contre : sur le chemin de l'école à Wittenheim, Cité Théodore vers 1958. A l'arrière l'église Sainte-Barbe.
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Elle intègre ensuite pour trois ans le Lycée Technique et Commercial, boulevard Roosevelt à Mulhouse où elle acquiert une formation de sténo-dactylo.
Ci-contre, extrait d'une photo de classe de l'année scolaire 1962-1963. |
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Entrée dans la vie active à 17 ans, elle occupe divers emplois dans le domaine du secrétariat, dont la mise en place du système bureautique d'une pharmacie de Kaysersberg. C'est alors qu'elle rencontre André Jenny, son futur mari qui l'incite à venir travailler dans la boucherie familiale.
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Le 10 novembre 1967, Josiane Blind épouse André Jenny. |
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13 ans après : |
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Assis de gauche à droite : Henri Blind, Josiane Blind épouse Jenny, Rosette Muñoz épouse Blind. Debout : Jean-Luc et Carole Jenny.
Photo prise le 30 mai 1980, lors du 12e anniversaire de Jean-Luc. |
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Histoire des Jenny : cliquer ici. |
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