L'histoire des Jenny.

 

(Sauf indications particulières, les photos sont des photos de famille ou des photos de l'auteur.)

 

 Venus d'Autriche...

 

 

 

 

 

 

 

Schnepfau (cadre rouge), aux confins de la Suisse, de l'Autriche et de l'Allemagne.

 

Origine de la carte : Mapquest.

Les ancêtres Jenny les plus lointains qui nous sont connus vivaient au XVIIIe siècle en Autriche, à Schnepfau, à 25 km au Sud-Est du lac de Constance. Cette région, le Vorarlberg, est bordée à l'Ouest par la Suisse et au nord par l'Allemagne. A cette époque, isolé dans la montagne du Bregenzerwald, Schnepfau manque de ressources pour nourrir ses habitants. Nombreux sont ceux qui voient dans l'émigration l'espoir d'une vie meilleure.

 

 

 

 

 

 Schnepfau aujourd'hui.

 

 

 

 

 

L'église de Schnepfau.

 

Origine des photos : site de la ville de Schnepfau.

 

en Alsace.

 


C'est l'option que prend vers 1760 Christian Jenny, l'un des fils du couple Christian Jenny et Ursula Weis. Il quitte son pays natal pour s'installer en Alsace, à Lautenbach, village situé dans la vallée de la Lauch, à 6 km en amont de Guebwiller. Les habitants vivent alors de l'agriculture de montagne et complètent leurs maigres ressources par l'exploitation du bois et du charbon de bois et par le travail dans les  mines de fer et de plomb.

 

 

 

 

 

 

 

Le cadre de vie des  Jenny au XIXe siècle dans la vallée de la Lauch.

Encadrés de rouge, les deux  villages d'origine de la plupart des familles alliées. 

 

 

Origine de la carte : Via Michelin.

Christian Jenny exerce le métier de maçon. En 1765, il épouse Catharina Spiess, la fille d'un bourgeois de Lautenbach dont la profession est "faber albiferrarius" (fabricant de fer blanc.) C'est de ce couple, Chritian Jenny et Catharina Spiess, qu'est issue toute la lignée des aïeux Jenny rapidement intégrés dans leur nouvel environnement.

 

 

 

 

 

 

 

Lautenbach aujourd'hui.

 

Origine de la photo : Wikipedia.


En 1780 naît leur fils prénommé également Christian et qui suit les pas de son père dans le métier de maçon. Il meurt précocement à l'âge de 34 ans. Son épouse, Catherine Zeisser, doit assumer l'éducation de leur fils Valentin, né en 1812. Celui-ci, comme ses parents, passe toute son existence à Lautenbach où il gagne sa vie en tant que journalier. Il épouse Catherine Kohler, fille de Jean Kohler et Marie-Hélène Pierre. Si Jean Kohler et ses ascendants sont tous de Lautenbach, Marie-Hélène Pierre est native d'Oberbruck. On peut s'interroger sur les circonstances qui ont permis ce mariage alors que Lautenbach et Oberbruck sont bien éloignés à l'échelle des moyens de transport de l'époque. Une explication plausible : les activités métallurgiques communes à ces deux villages pendant cette période.

Valentin Jenny et Catherine Kohler sont les parents d'Albin Jenny né en 1854 à Lautenbach. Albin exerce le métier de tisseur. En effet, dès 1835, un manufacturier anglais, Maurice De Jongh, a installé dans le village le premier retordage du Haut-Rhin, début du développement de l'industrie textile qui atteint son apogée vers 1900.
Albin Jenny épouse en 1877 Emma Kohler, sans parenté avec sa mère Catherine Kohler. Cette branche des Kohler est également implantée de longue date à Lautenbach. Jadis ils étaient bûcherons et charbonniers, plus récemment ils sont ouvriers dans le textile. La mère d'Emma Kohler, Catherine Meyer est issue de familles originaires de Buhl, parmi lesquelles on trouve les patronymes Meyer, Gutschenritter, Vogt et Dreyer.

 

 

 

Plusieurs hommes de la famille portent le prénom "Gangolf". En effet, les habitants de la région vouent une dévotion fervente à Saint Gangolf comme en témoigne la chapelle dédiée à ce saint près de Schweighouse et qui attire les pèlerins depuis le Moyen-Age.

 La chapelle Saint Gangolf.

Origine de la photo : Wikipedia.

 

Un ancêtre entreprenant : Albin Jenny.

 


En 1881, naît au foyer du couple Albin Jenny / Emma Kohler un fils prénommé également Albin. Comme l'Alsace est alors intégrée au Reich allemand, Albin effectue deux années de service militaire à Berlin. Ses descendants ont gardé jusqu'à aujourd'hui la chope de bière marquée à son nom qu'il a rapportée en souvenir de son séjour dans la capitale allemande.

 

 

 

 

Albin Jenny en uniforme de grenadier de la garde.

 

 

 

La chope souvenir.

Traduction de l'inscription en allemand : Albin Jenny. En souvenir de mon service militaire à la 9ème Compagnie du 3ème Régiment de la Garde à pied. Berlin 1902-1904.


De retour dans ses foyers, Albin Jenny prend deux décisions qui rompent avec la tradition familiale. D'une part, alors que ses prédécesseurs survivaient grâce aux activités liées à la terre et à la forêt ou par le travail en usine, il devient maître-boucher (Metzgermeister), carrière que vont suivre son fils et ses petits-fils. D'autre part, il quitte la vallée de la Lauch où ses aïeux vivaient depuis des générations pour s'établir à Ensisheim.

En 1909, Albin épouse Marie-Louise Greber, native de Rimbachzell, fille de Aloyse Greber et Joséphine Hug. Les Greber sont originaires de Lautenbach, alors que les Hug sont établis depuis des générations à Rimbachzell. Dans ces familles on trouve, en plus des journaliers, des ouvriers de carrière, des tourneurs sur fer, des voituriers.

A Ensisheim, le couple Albin Jenny/Marie-Louise Greber
s'installe dans la maison sise "Haupstrasse n°32", au cœur de la petite ville en plein essor dans cette période de  prospérité apportée par l'extraction de la potasse. C'est là que naît leur fils Albert Eddi en 1909. Quand la Première Guerre mondiale éclate, Albin est mobilisé dans l'armée allemande dès septembre 1914 ; il reste sous les drapeaux jusqu'en décembre 1916.

Albin meurt en 1942 de "Chronische Nephrisis" (néphrite chronique) ; on est alors sous l'annexion allemande, si bien que l'adresse du défunt est devenue : "Adolf-Hitler-Strasse n°25."

C'est dans cet immeuble situé 25, rue de la 1ère Armée à Ensisheim qu'était installée la boucherie Jenny pendant de nombreuses décennies. Le magasin de vente, à l'emplacement de la pizzeria actuelle, donnait sur la rue la plus passante d'Ensisheim. La famille Albert Jenny/Mathilde Rémond habitait au 1er étage, tandis que sous les toits logeait l'ouvrier de la boucherie. Dans la rue adjacente, on voit la large porte brune qui menait à l'atelier et à la chambre froide de la boucherie. En outre, dans les années 1960, saucisses et boudins étaient confectionnés dans un local en face de l'église prêté par un oncle d'André où fonctionnait aussi le fumoir à la sciure de bois.


Deux décennies plus tard, Albert Jenny fait la connaissance d'une jeune fille de Baltzenheim, Mathilde Rémond. Celle-ci est née en 1913 dans le foyer du couple Albert Rémond (1874-1959) / Marie-Joséphine Fleith (1876-1954).

                 Albert Jenny, jeune homme.

                              Mathilde Rémond, jeune fille.


La lignée des Rémond peut être remontée jusqu'au milieu du XVIIe siècle, lorsque Pierre Rémond, né en 1623 à Saint-Julien-Chapteuil en Haute-Loire, épouse à Muntzenheim Anna Apollonia Krüm, native de ce village. Il est possible que Pierre Rémond, de confession calviniste, ait quitté sa région natale pour fuir les persécutions dont ses coreligionnaires étaient les victimes sous Louis XIV.

Les descendants du couple Pierre Rémond / Anna Apollonia Krüm se
sont établis dans des villages du Ried à l'est de Colmar : Baltzenheim, Widensolen, Urschenheim, Wickerschwihr, Muntzenheim. Agriculteurs de père en fils, certains doivent jouir d'une certaine aisance car ils occupent des postes de prévôt, de maire ou d'adjoint.

Les familles alliées sont issues du même milieu agricole et de la même zone géographique. Parmi les patronymes de ces aïeux, figurent les Koehly, Foechterlé, Rohmer, Hertzog, Germann, Meyer, Kluft, Hertzog, Hermann, etc…

Une très lointaine ancêtre des Rémond : Marie Jacobée von Kageneck, est restée dans l'histoire pour avoir défrayé la chronique par ses mœurs en avance sur son temps ! Voir ci-contre.

Jean-Louis Oudart (ou Utard) cité à la fin du texte est l'arrière-grand-père de l'arrière-grand-père du grand-père de Mathilde Rémond.

 

Marie Jacobée von Kageneck est une ancêtre peu banale, elle eut une vie digne d'un personnage de roman et défraya la chronique colmarienne au XVIIe siècle. Marie Jacobée est née à Colmar le 11 octobre 1619. Ses parents, Rudolph Wilhelm von Kageneck et Martha Linck von Thurnburg  habitent le Linckenhof, l’actuelle École de Musique de Colmar, 8 rue Chauffour... La vie de Marie Jacobée va être bouleversée par la guerre de Trente ans. En effet la famille héberge les officiers français en garnison. Séduite par Elias Maipas, capitaine au service du marquis de Manicamp, Marie Jacobée va donner naissance à un garçon le 20 juin 1638, l’enfant mourut en bas âge. Le 5 novembre 1640, Marie Jacobée récidive, elle met au monde un second enfant Charles, né hors mariage, le père est Jacques de Clausier, capitaine du marquis de Montausier. Le scandale est grand dans la ville. Sur l’acte de baptême catholique, le curé n’hésite pas à qualifier la mère de « scortum nobile » putain noble. Le magistrat de la ville adressa une lettre au marquis de Montausier pour régler cette délicate affaire. Marie Jacobée fut exilée de la ville, dut se convertir au catholicisme. On lui fit épouser un militaire champenois Jean Oudart, sergent au château de Horbourg. Le beau-père de Marie Jacobée, Jean Frédéric von Rust donna des terres sur le ban de Riedwihr au jeune couple. Jean Oudart devint prévôt du village. Quatre enfants : Marie Ursule, Jean-Louis, Anne Barbe, Madeleine naquirent de cette union, et furent les ancêtres souches de nombreuses familles du Ried.

Publié sur le blog généalogique d'Anne Ludwig.

 Pour des données généalogiques plus complètes, consultez l'arbre sur Généanet.

Entre Colmar et le Rhin, les villages d'origine des Rémond et de leurs ascendants.

Origine de la carte : Via Michelin.

 

 

 

 

 

 

Albert Jenny et Mathilde Rémond  se marient à Colmar le 28 octobre 1940. Trois enfants naissent au foyer du couple : Gérard en 1940, Marie-Louise (Loulou) en 1941 et André en 1946.


A la mort de son père, Albert Eddi, assisté de son épouse Mathilde, prend les rênes de la boucherie familiale.  Malheureusement, en 1959, Albert Eddi meurt prématurément à l'âge de 50 ans. C'est à sa veuve Mathilde qu'incombe la charge de faire marcher l'entreprise avec l'aide de ses enfants. Lorsque son fils aîné est appelé en Algérie, elle peut compter sur son cadet André pour la soutenir dans son labeur. Et plus tard, quand André, à son tour, est au service militaire, c'est sa fille Loulou ainsi qu'un ouvrier, qui assument une bonne part du travail. 

  

 

 

 

 

 

 Mathilde vers 1965, dans la rue du Cerf, aux abords de la boucherie.   


C'est dans ces conditions qu'André est entré dans la profession de boucher. Pendant plusieurs années, il seconde sa mère jusqu'à ce que celle-ci, victime d'une hernie discale, soit obligée de cesser le travail. Mathilde vend alors la boucherie d'Ensisheim à son fils Gérard qui, entre-temps, a ouvert sa propre boucherie à Wittenheim.
De ce fait, André devient le salarié de son frère aîné, partageant ses journées de travail entre les établissements d'Ensisheim et de Wittenheim, sans compter les tournées de vente ambulante dans tout le secteur.

 

 

 

 

 

 

 

André, devant la camionnette avec laquelle il fait les tournées de vente.

Après la vente des deux boucheries dans les années 1990, André tient le rayon boucherie du Super U de Wittenheim jusqu'à sa retraite.

Le 10 novembre 1967, André Jenny épouse Josiane Blind.

13 ans après :

 

 

 

 

 

 

Assises de gauche à droite : Rosette Muñoz épouse Blind et Mathilde Rémond, épouse Jenny.

Debout de gauche à droite : Jean-Luc Jenny et ses parents, André Jenny et Josiane Blind, épouse Jenny. 

 

 

Photo prise le 30 mai 1980, lors du douzième anniversaire de Jean-Luc.

Histoire des Blind : cliquer ici.

 

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