Poésie dialectale.

 

 

 

Tota blätter.

(Feuilles mortes.)

 

Toti bletter.

Texte original en alsacien d'Émile Storck (1899-1973)

Publié sur le site "Voyage autour de ma bibliothèque" de Jean-Claude Trutt :

https://bibliotrutt.eu/articles/tome-7-redecouverte-demile-storck


Nota : A l'inverse de la graphie d'André Nisslé et du système d'écriture ORTHAL, Émile Storck transcrit le son dit "a suédois" par la lettre "a" tandis qu'il représente le "a" normal ouvert par "à".

Toti Bletter.

Toti Bletter, verstreit uf em Wàg !
Letschdi warmi Oktowertag,
letschdi sunnigi Stunde !
In de Paffekàpple im Hag
blüetet d’ Natür ihrni Starwesklag
üs hundert purpurne Wunde.

Toti Bletter, verstreit uf em Sand !
Farwetràim üs em Jugendland
sin verwischt un verbliche.
Nur noch brün un gàl isch der Wald,
un der Wind isch mithi scho kalt
iwer de Gipfel gstriche.

Toti Bletter, vum Wind verwàiht !
Was der Bode an Làwe tràit
müess wider zruck in der Bode.
Allerseele isch nim so wit.
Wart nur ! bis in’re kurze Zit
tràit mer dich oi zu de Tote.

                                                    Émile Storck.

(extrait de "Melodie uf der Panfleet. Heimet – Pays natal."

 

 

 

Emile Storck.

Emile Storck naît en 1899 à Guebwiller. Élève de l'École Normale d'instituteurs de Colmar, il est mobilisé dans l'armée allemande en 1917.

Après la guerre, Émile Storck reprend ses études et obtient l'agrégation d'allemand. Il enseigne cette langue dans diverses régions de France.

En 1949, il est nommé à l'École Normale d'institutrices de Guebwiller, sa ville natale où il enseigne l'allemand jusqu'à sa retraite en 1965. Ses élèves gardent de lui le souvenir d'un érudit humaniste d'une grande simplicité.  

C'est pendant cette dernière période qu'Émile Storck se met à la littérature. Il est l'auteur de 200 poésies en alsacien ainsi que de pièces de théâtre, parmi lesquelles "Mathis Nithart" qui retrace le destin de Matthias Grünewald, le peintre du Retable d'Issenheim, confronté à la Guerre des Paysans.

Émile Storck a laissé également des traductions en alsacien de poèmes de Baudelaire et de Verlaine.

Le frère d'Émile, Joseph Storck, (1897-1989) grand résistant et "Juste parmi les nations" a été professeur, proviseur, inspecteur d'académie du Haut-Rhin et maire de Guebwiller.

 

 

 

 

Transcription en dialecte alsacien de la haute vallée de la Doller par Henri Ehret.

 

 

Tota Blätter.
 

Tota Blätter, verschtrait uff 'm Wag !
Lätschta wàrma Oktowertag,
lätschta sonniga Stunda !
En da Pfàffakäppel em Hàg
blüetet d’ Nàtür sina Starwaklàg
üss hundert purperota Wunda.

Tota Blätter, verschtrait uff 'm Sànd !
Fàrwatràuim üs em Jugendlànd
sen verwescht un verblicha.
Nur noch brün un gahl esch d'r Wàld,
un d'r Wend esch tailmàl scho kàlt
ewer da Gepfel gschtrecha.

Tota Blätter, vom Wend verwaiht !
Wàs der Boda àn Lawa trait
müess weder zruck en der Boda.
Àllerseela esch nemma so witt.
Wàrt nur ! bis enara kurza Zitt
trait mer dech o zü da Tota.

 

Feuilles mortes.

Feuilles mortes, éparpillées sur le chemin !
Dernières journées chaudes d’octobre,
dernières heures ensoleillées !
Dans les fusains des haies
par mille plaies pourpres la nature
saigne sa complainte de la mort.

Feuilles mortes, éparpillées sur le sable !
Rêves colorés du pays de la jeunesse
qui se brouillent et pâlissent.
La forêt n’est plus que brune et jaune
et le vent devenu froid
a déjà glissé par-dessus les cimes.

Feuilles mortes, emportées par le vent !
Ce que la terre portait de vivant
doit retourner à la terre.
La fête des trépassés est proche.
Patience ! Dans peu de temps
on te portera toi aussi chez les morts.
 

 

 

Traduction française

par Richard Ledermann.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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