Poésie dialectale.

 

 

 

A jung Paarla un d'Schtarna.

(Un jeune couple et les étoiles.)

 

A jung Paarle un d’Starne.

Texte original en alsacien de Georges Zink (1909-2003)

Publié dans "Par tous les chemins - Florilège poétique des langues de France : alsacien, basque, breton, catalan, corse, occitan. " Éditions Le Bord de l'Eau, Lormont, 2019, mis à disposition par M. Jean-Claude Trutt.

 

A jung Paarle un d’Starne.

"Kumm, mr wann geh d’Starne zehle !
Hitte schine si so scheen !
Gal, de wottsch doch o garn wisse
Wieviel Starne-n-àm Himmel stehn !

Un dàs sàge-n-àlle Dichter,
Un dàs hàt ma mir vrzehlt :
‘s seig so natt, wenn a jung Paarle
D’Starne mitenànder zehlt !"

Also red ze mir mi Liebschter,
Wu-n-i mit ‘m àm Fanschter stànd,
Lüegt mi à – i müess ‘m folge,
Un ar nimmt mi bi dr Hànd

Un ar fiehrt mi uf a Bargle,
Wu ma d’Starne àll kàt gsah ;
Awer àllwil, mitts im Zehle,
Hàt ‘r mir a Schmitzle ga…

Un so waiss i hit denn no-nit,
Wievil Starne àss ‘s kàt hà…
Mien halt wider, wenn scheen Watter,
Fànge mit ‘m Zehle-n-à !

 

 

Georges Zink.

C'est à Hagenbach, village du Sud du Haut-Rhin près de Dannemarie, que Georges Zink naît en 1909, dans une famille paysanne. Bien qu'il n'ait appris le français qu'à partir de l'âge de 10 ans, il fait de brillantes études à l'issue desquelles il est docteur ès lettres et agrégé d'allemand. Après avoir enseigné dans différents lycées, il est nommé professeur à la Sorbonne en 1965. À côté de sa carrière de philologue germaniste, il publie plusieurs recueils de poésies en alsacien, sa langue maternelle, suivant ainsi la voie ouverte par son aîné, Nathan Katz. Parmi ses oeuvres de poésie dialectale : "Haiet, Arn un Ahmtet" [Fenaison, Moisson et Regain]. Georges Zink meurt à Paris en 2003, à l'âge de 94 ans. Il était le père de l'écrivain médiéviste Michel Zink, membre de l'Académie française.

 

 

 

Transcription en dialecte alsacien de la haute vallée de la Doller par Henri Ehret.

 

 

A jung Paarla un d’Schtarna.

"Komm, m'r wann geh die Schtarna zähla !
Hetta schina sa so scheen !
Gall, da wottsch doch o garna wessa
Wieviel Starna àm Hemmel schtehn !

Un dàs sàga allà Dechter
Un dàs hàt m'r mer verzählt :
As seig so natt, wänn a jung Paarla
Die Schtarna metnànder zählt !"

A so rädd zu mer mi Liabschter,
Wu n'i met'm àm Fanschter stànd,
Lüegt mi à – ech müess'm folga,
Un ar nemmt mi àn dr Hànd

Un ar fiahrt mi uff a Bargala,
Wu m'r die Schtarna àlla kàt sah ;
Àwer àllawihl, metta em Zähla,
Hàt 'r mer a Schmutzala ga...

Un so waiss i hetta no net
Wiafehl Schtarna àss 's kàt hà...
Mian hàlt weder, bi scheenem Watter
Fànga met'm Zähla n' à !

 

 

Un jeune couple et les étoiles.

 "Viens, allons compter les étoiles !
Aujourd’hui elles brillent si fort !
Pour sûr, tu voudrais aussi savoir
Combien d’étoiles sont au ciel !

Et c’est ce que disent tous les poètes
Et c’est ce que l’on m’a raconté :
C’est si charmant quand un jeune couple
Se met ensemble pour compter les étoiles !"

C’est ainsi qu’a parlé mon amoureux,
Quand je me tenais avec lui à ma fenêtre
Il me regarde – je dois le suivre,
Et puis il me prend par la main

Et me conduit jusqu’au haut d’une colline
D’où l’on peut voir toutes les étoiles ;
Mais, tout le temps, au milieu du comptage,
Il a fallu qu’il me donne des baisers…

Ce qui fait que je ne sais toujours pas,
Combien il y a d’étoiles là-haut…
Alors, il faudra bien, dès qu’il fera beau,
Recommencer tout notre comptage à partir de zéro !

 

 

Traduction française

par Jean-Claude Trutt.

 

 

 

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