LE repli de l’armée française dans la vallée de la doller en juin 1940. 

d'après les notes du Capitaine Maurice Schmitt.

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Le compte-rendu du Capitaine Schmitt à partir du 18 Juin à 10 Heures.

Il s’agit du texte original. Quelques minimes corrections de forme ont été effectuées ainsi qu’une simplification des abréviations et des énumérations d’armements ou d’unités.     

Deux pages du carnet du Capitaine Schmitt.

 

Abréviations utilisées :

BM : Bataillon de Marche.

CM : Compagnie de Marche.

CHR : Compagnie Hors Rang. 

CB : Défense contre blindés.    

FM : Fusil Mitrailleur.   

FV : Fusiliers Voltigeurs.

PC : Poste de Commandement.  

SFA : Secteur Fortifié d’Alsace.

RP : Régiment de pionniers.

RIF : Régiment d’infanterie de forteresse.

 

Carte de la vallée de la Doller : les cercles rouges situent les principales étapes du repli du Capitaine Schmitt mentionnées dans le texte.

 

18 juin 1940

10 Heures

La colonne arrive à environ 800 m du croisement des routes du Pont d’Aspach. Quelques voitures automobiles sont passées sans que l’ennemi ne se fasse remarquer. Je quitte le Chef de Bataillon à environ 400 m à l’Est du Pont d’Aspach pour effectuer avec les Lieutenants Monnier et Raphenne la reconnaissance de Guewenheim. La voiture passe au Pont d’Aspach à 10 Heures 45 sans être inquiétée pour arriver au village de Guewenheim vers 11 Heures 10.

11 Heures 20

On entend venant du Pont d’Aspach une vive fusillade qui paraît gagner d’intensité. Deux cyclistes me rendent compte que débouchant du couvert sur la route Cernay-Soppe, des engins blindés attaquent le bataillon. Je retrouve à Guewenheim le capitaine de Guinaumont, les lieutenants Schwobthaler et Perrin, qui malheureusement ont quitté leur compagnie (CM10) en profitant d’une camionnette. Deux groupes de mitrailleuses et un canon de 25 mm remorqué par chenillette arrivent au village, ayant réussi à passer au Pont d’Aspach. D’après les renseignements du gradé, des hommes avec deux mitrailleuses et un fusil-mitrailleur se trouvent à la gare de Burnhaupt-le-Bas (auberge) et auraient mis en batterie sous les ordres des adjudants Pequiniot et Peter.

12 Heures 

La fusillade et les coups de canon deviennent de plus en plus violents, et ne pouvant établir la liaison avec le Chef de Bataillon, je mets en état de défense l’entrée Est de Guewenheim en direction de Pont d’Aspach. Je rends compte de la situation au PC du Régiment installé à l’école de Sentheim par le Lieutenant Raphenne en demandant d’urgence des moyens pour dégager le 3e Bataillon. Le commandement juge la situation d’une façon sceptique ne croyant pas à la présence de voitures blindées ennemies et n’envoie pas de renfort.  Pour couvrir le PC du Régiment, j’installe les faibles éléments de la CM 10, à savoir 2 mitrailleuses, 1 canon de 25 mm, 2 fusils-mitrailleurs à l’entrée Est du village en arrière de la destruction prête à sauter se trouvant sur la route. Une mitrailleuse et 2 fusils-mitrailleurs sont placés au sud du village vers Soppe.

12 Heures à 13 Heures 

Le combat continue avec la même violence. Du poste de guet d’une maison, j’observe une dizaine d’engins motorisés sur la route Cernay-Soppe-le-Bas faisant le va-et-vient. Des colonnes de fumées s’élèvent vers le ciel qui laissent supposer que les maisons du Pont d’Aspach sont en flammes.

13 Heures 30 

Je dépêche à nouveau le Lieutenant Raphenne et le Capitaine de Guinaumont auprès du PC du Régiment en insistant de faire le nécessaire pour dégager le 3e Bataillon, sans succès immédiat.

14 Heures

L’engagement semble se porter vers le sud en direction de Soppe-le-Bas et la forêt.

15 Heures

Les adjudants Péquiniot et Peter, le sergent Fluet me rejoignent ainsi que plusieurs soldats de la CM 10 et de la CM 11. Ce groupe se tenait à l’auberge de la gare de Burnhaupt d’où il a arrêté l’aile droite de l’ennemi qui cherchait à envelopper le Pont d’Aspach. Il a tenu sur place jusqu’à épuisement des munitions et a réussi à échapper à l’ennemi supérieur en nombre. Deux mitrailleuses ont été mises hors d’usage, les fusils-mitrailleurs ont été ramenés. Un peu plus tard arrive également le Sous-Lieutenant Batet qui ayant été fait prisonnier a pu s’échapper de l’usine DMC où il était gardé au 1er étage. 

Arrive également à Guewenheim vers 15 Heures un détachement d’environ 80 hommes du 460e RP, commandé par le Lieutenant Rousselot, qui suivait le IIIe Bataillon avec mission d’arrière-garde. Profitant d’une interruption de la colonne motorisée allemande, il a pu passer le Pont d’Aspach, mais les voitures en queue de la colonne ont été prises sous le feu de l’ennemi et incendiées. Je  donne ordre au Lieutenant Rousselot d’entreprendre avec tous les éléments un ratissage en avant de Guewenheim. Il revient après une heure sans avoir rencontré l’ennemi. Ensuite, le Lieutenant Rousselot sur ordre de son Chef de Bataillon quitte Guewenheim pour se porter sur Dolleren.

16 Heures

Le combat semble terminé, la fusillade ayant cessé. Je donne l’ordre à tous les éléments prêts à entrer en action d’observer la plus grande vigilance, et au sous-officier du génie chargé de la mise de feu de faire sauter le dispositif de destruction de la route aussitôt que les engins auront atteint le calvaire.

A la suite du 2e compte-rendu au PC du Régiment, arrive vers 17 Heures un canon de 75 mm se mettant en batterie à l’issue Sud-Est du village et tirant une dizaine de coups sur l’ennemi qui n’y est plus, ayant depuis longtemps foncé en direction de Belfort.

 

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