Jours exaltants en colonies de vacances. (1)

 

Moniteur de colonie de vacances.

 

J'ai été amené aux fonctions de moniteur de colonie de vacances par la règle en vigueur dans les Écoles Normales d'Instituteurs des années 1960. Chaque élève-maître, lorsqu'il avait 18 ans révolus, était astreint à suivre cette formation qui comportait trois étapes. D'abord un stage théorique, organisé par les CEMEA, puis un stage pratique en colonie de vacances, et enfin, une épreuve écrite portant sur les connaissances pédagogiques et l'analyse de l'expérience sur le terrain.   

 

Yssingeaux 1964.
 

J'effectue la formation théorique pendant les vacances de Pâques 1964 à Stosswihr. L'été suivant, mon stage pratique se déroule à Yssingeaux (Haute-Loire) dans un centre de l'Association "La Cigogne" qui organise alors les colonies de vacances pour les Mines Domaniales de Potasse d'Alsace. J'attends beaucoup de ce premier contact avec les enfants et de la vie en collectivité, mais je reste sur ma faim. D'une part, la pédagogie imposée par le directeur ne laisse guère de place à la concertation et à la créativité, et d'autre part, le climat est alourdi par la non-mixité : la colonie n'accueille que des garçons et tout le personnel est masculin. Cela ne me change guère de l'internat de l'École Normale où je vis depuis trois ans !

 

Cunlhat 1965.

 

Déçu mais non découragé, je me promets, après avoir obtenu mon diplôme de moniteur au début de 1965, de mieux choisir ma colonie pour l'été suivant. Albert, l'un de mes condisciples au Centre de Formation des PEGC de Strasbourg, plus âgé que moi d'une dizaine d'années, me convainc que la colonie qu'il dirige répondra à mes attentes. C'est ainsi qu'en août 1965, je me retrouve à Cunlhat (Puy-de-Dôme), moniteur dans la colonie de l'OVS d'Erstein.     

C'est lors de cette session que je suis pris par le virus des "colos". J'y découvre cette extraordinaire ambiance faite de chaleur, d'amitié, de joie de vivre, mais aussi de responsabilité et de gravité. Pour les tout jeunes adultes qui forment l'encadrement, c'est l'occasion unique de se donner à fond, d'être dynamique et créatif. Alors que la société les traite toujours en mineurs, ils assument ici la plus noble des charges, celle des êtres humains qui leur sont confiés. Les journées sont longues et demandent de généreux efforts. Mais la solidarité de tous et les formidables temps de détente effacent les moments de lassitude. Quel ancien des "colos" oublierait le mémorable "Cinquième repas" qui rassemble les moniteurs vers 23 Heures ou minuit, quand les enfants dorment et que la journée du lendemain est préparée ?  

 

 

 

 

 

Le bonheur de vivre ensemble : le fondement de la réussite des colonies de vacances.

 

 

 

Le directeur a su convertir tout le monde aux danses folkloriques.   

 

 

 

 

Avec mon équipe. Ces  garçons sont aujourd'hui sexagénaires.

 

 

 

 

Entre les activités, des moments informels propices aux confidences.  

 

 

 

 

Le  directeur et ses moniteurs lors d'une sortie au Puy-de-Dôme. A ma gauche, Marie-Odile à qui j'adresse mes affectueuses pensées.

Saint-Jean-de-Monts 1966.

L'année suivante, désireux d'élargir mon horizon, je trouve, grâce à Micheline, ma camarade normalienne originaire de Montbéliard, un poste de moniteur dans une colonie de Saint-Jean-de-Monts (Vendée) organisée par le Comité d'Entreprise des Automobiles Peugeot de Sochaux. Quand je prends le train spécial qui achemine de Montbéliard à La Roche-sur-Yon les enfants et animateurs de tous les centres de vacances Peugeot de la côte atlantique, j'ignore encore que cette colonie décidera du cours de ma vie !

La colonie "Les Quatre-Vents." Enfants et moniteurs dorment sous les tentes. Des bâtiments en dur abritent sanitaires, cuisine, réfectoire, lingerie, infirmerie et salle de réunion. L'activité de base, c'est la plage, si bien que la créativité des moniteurs n'est sollicitée que pour les matinées et les veillées. L'environnement touristique influe sur la vie de la colonie. Partout il y a la foule et il s'agit de ne pas perdre nos enfants parmi les milliers d'autres colons du secteur ! Le personnel, pour sa part, est davantage tenté par la vie nocturne de la station que par les soirées au centre de vacances.

Le directeur de la colonie, expérimente une organisation pédagogique innovante pour l'époque. L'effectif  est divisé en groupes de 30 enfants, moitié filles, moitié garçons. Trois moniteurs encadrent ce groupe qui est l'unité de base pour les activités. Chaque animateur est chargé d'une équipe mixte de 10 enfants pour le suivi individuel, les repas, les vêtements, le courrier, l'argent de poche...  Ici, notre groupe avec mon collègue Jean-Luc. Michèle, la troisième monitrice, est en congé ce jour-là.  

 

 

 

 

Après la baignade, goûter et jeux sur la plage.

 

 

C'est à Saint-Jean-de-Monts que je rencontre Françoise, l'infirmière de la colonie. Elle est aujourd'hui mon épouse depuis 45 ans. 

Nous voici déjà réunis, sur la photo de l'équipe d'encadrement. Le directeur, Henri Coulon, est assis à l'extrême-gauche. Ma camarade Micheline est debout, première à droite. 

De 1967 à 1972, les études, le mariage,  la coopération militaire en Algérie, la naissance des enfants, l'installation dans notre maison, suspendent mon engagement dans les colonies de vacances. Puis, mûri par ces six années de pause et motivé par mes premières années d'enseignement qui ont précisé mes options pédagogiques, je décide de me lancer dans la direction des colonies de vacances. 

"Jours exaltants en colonies de vacances" suite, cliquer sur la flèche de droite.

Revenir à la page d'introduction des "Jours exaltants en colonies de vacances."