La formation.

En 1972, plusieurs raisons me déterminent à renouer avec les colonies de vacances. Certes, il y a la nostalgie des jours heureux que mon épouse et moi y avons vécus, mais j'aspire également à un engagement fort dans la pédagogie. Les premières années d'enseignement en collège m'ont montré que l'Éducation Nationale est frileuse en terme d'innovation et que le professeur subit un système qu'il ne peut guère bousculer par ses initiatives. C'est pourquoi je recherche un champ d'action où je pourrais agir en pleine responsabilité au sein d'une équipe jeune, volontaire et motivée. En outre, les colonies assurent chaque été un dépaysement géographique et relationnel pour toute ma famille, ainsi qu'un complément de revenus non négligeable. 

C'est dans cet esprit que j'entame  la formation de directeur de colonie de vacances qui s'étale sur deux ans et comprend deux stages théoriques et deux expériences pratiques. Les stages théoriques, organisés par l'UFCV, se déroulent à Art-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle) en décembre 1972 et à Urmatt (Bas-Rhin) en février 1974. Je suis conquis par ces formations inspirées de l'Éducation Nouvelle, cette école pédagogique qui prône la participation de l'individu à sa propre construction. Bien plus que dans l'Éducation Nationale, les centres de vacances font la part belle aux méthodes actives : partir des centres d'intérêt des enfants, susciter chez eux l'esprit de découverte et de solidarité, viser une éducation globale où les apprentissages sociaux, manuels, artistiques, physiques et intellectuels se complètent. 

Je découvre la nécessité du projet pédagogique auquel adhèrent tous les membres de la collectivité éducative. Dans les colonies que je dirigerai, je m'efforcerai de définir avant chaque session les objectifs visés et les moyens mis en oeuvre pour s'en approcher. Les jeux, les sports, l'expression artistique et manuelle, mais aussi les actes de la vie quotidienne participent au progrès de l'autonomie personnelle et sensibilisent chacun au respect et à l'écoute de l'autre. Dans ce sens, la finalité du séjour en colonie combine l'épanouissement personnel de l'enfant et son intégration sociale.

Pendant ma période de formation, la législation évolue : en 1973, le terme de colonie disparaît des textes au profit de "Centre de vacances et de loisirs". Le moniteur devient l'animateur et son diplôme s'appelle désormais BAFA. Mais cette réforme reste purement administrative : même 40 ans après, parents, enfants, organisateurs et personnels continuent de parler de colonie tant ce vocable correspond le mieux à l'image que tout le monde se fait de ce type de vacances collectives.  

Les stages théoriques doivent être suivis d'applications sur le terrain, la première au poste de directeur-adjoint, la seconde en tant que directeur à part entière. Grâce à l'appui du Dr Charles Kuster, président de l'Association "Les amis de Houppach", je peux remplir ces fonctions en 1973 et 1974 à la colonie de Houppach. Ce centre de vacances, situé sur les hauteurs de Masevaux, s'est construit autour de la chapelle ND de Houppach. A l'écart des routes et de l'agglomération, il donne directement sur la forêt, terrain d'activités sans bornes ! 

Ci-dessus, le site de Houppach en 2013. En 1973-1974, le grand édifice moderne à gauche n'existait pas. La colonie se partageait entre le bâtiment en contrebas de la chapelle qui abritait la cuisine et le réfectoire, la maison en haut à gauche, dite "Villa Maria", de petites constructions légères annexes ainsi que de deux grandes tentes.

Animateurs et directeur au milieu des enfants : une équipe restreinte mais solidaire et chaleureuse !  

C'est à Houppach que j'ai fait la connaissance de Nadine (2e à partir de la droite à l'arrière) qui me suivra dans d'autres colonies et dont l'amitié ne s'est pas démentie jusqu'à aujourd'hui.

Mes amitiés à Anne-Marie (assise devant à gauche) qui a travaillé pendant plusieurs décennies dans le même collège que moi.

Enfin, suite à l'inspection positive par les services de la Jeunesse et des Sports et un dernier examen écrit, je deviens titulaire du Brevet d'Aptitude aux fonctions de directeur de centres de vacances et de loisirs le 4 décembre 1974. 

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