Jours exaltants en colonies de vacances.(3)

 

 

 

Les colonies du CE Peugeot de Sochaux.

En 1975, mon épouse et moi sommes embauchés par les Oeuvres sociales du Comité d'Établissement des Automobiles Peugeot de Sochaux avec qui nous avions déjà travaillé. Les colonies de cet organisme sont alors à leur apogée. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la nécessité d'apporter aux enfants des ouvriers une alimentation saine et des activités de plein-air avait conduit la Société Peugeot à acquérir des châteaux, des hôtels ou d'autres vastes bâtiments pour en faire des centres de vacances gérés par le Comité d'Établissement, lui-même dirigé par les élus du personnel. Bénéficiant d'une dotation proportionnelle à la masse salariale (Sochaux compte 42 000 salariés dans les années 1970), les Oeuvres sociales mettent de puissants moyens au service de la jeunesse. "Rien n'est trop beau pour les enfants de la classe ouvrière" disent alors les élus de la majorité CGT-CFDT, en écho de la citation idéaliste de Maurice Thorez en 1946 : "L'enfant, notre plus doux espoir !" Organisateurs et encadrement partagent alors la conviction optimiste que, grâce à l'éducation, l'individu et la société progressent vers plus d'égalité, de solidarité et de démocratie.

C'est dans ce magnifique contexte moral et matériel que commence en 1975 ma collaboration avec le CE Peugeot sous l'autorité bienveillante de Mme Yvette Zryd, responsable du service des colonies de vacances aux Oeuvres Sociales. 

   

Chamblay 1975 à 1977.
 

Située dans le Jura, entre Mouchard et Mont-sous-Vaudrey, non loin des célèbres salines d'Arc-et-Senans, cette colonie est installée dans le château de Clairvans à Chamblay. Plusieurs fois détruit et reconstruit depuis le Moyen-Age, le château de Clairvans devient en 1820 la propriété de la famille Saint-Mauris. Gabriel Bernard, comte de Saint-Mauris-Chatenois le rénove entièrement en 1845. Après la mort du dernier comte de Saint-Mauris peu avant 1914, Émine Karam, un banquier égyptien qui se fait appeler Karam Pacha, règne sur le domaine. Il y crée une immense ferme modèle avec laiterie, élevage de daims, de canards et d'escargots, fabrique de choucroute... En 1933, en faillite, la propriété est saisie puis vendue aux enchères à la marquise de Rosichi. Celle-ci la cède en 1937 au Docteur Cartault d'Arbois qui veut y établir une maison de santé, mais la Seconde Guerre mondiale interrompt ce projet. Après le conflit, Automobiles Peugeot acquiert le domaine et le transforme en colonie de vacances. Le château et ses nombreux bâtiments annexes, sont entourés de 26 hectares de prés et de bois. C'est la configuration idéale pour des vacances d'enfants : situation en pleine nature, locaux spacieux, terrains de jeux et d'aventures illimités, absence de toutes nuisances. La colonie peut accueillir jusqu'à 220 enfants de 7 à 9 ans.   

 

Plan de la colonie : cliquer ici.

L'entrée de la colonie.

En 1975, notre fils David sur le lion Peugeot sculpté à la tronçonneuse par Robert Breune, gardien de la propriété.

Le château de Clairvans à Chamblay en 1985. Les portes en fer forgé de l'entrée principale portent encore les initiales EK (Émine Karam). 

 

 

 

 

 

Les communs du château abritent des dortoirs, les douches, la lingerie et la buanderie, l'infirmerie, le logement du gardien ainsi que le "Boum". Ce terme propre aux colonies Peugeot désigne la réserve de matériel pédagogique.

Au milieu de la cour des communs, le kiosque fleuri sous lequel se cache une réserve d'incendie.

 

L'infirmerie, rendez-vous des malades mais aussi de ceux qui ont besoin d'une pause-café au milieu de la matinée.

 

 

 

 

 

Cette carte postale du début des années 1960, aux couleurs un peu artificielles, montre les communs vus du Sud. Au fond à droite, la route qui mène au village de Chamblay.

 

 

 

Les anciennes écuries sont devenues des salles d'activités. Parmi elles, une salle de spectacle avec scène et coulisses pouvant accueillir 250 enfants. 

 

 

 

 

Vastes prairies, bosquets et forêts pour des jeux sans contraintes.

 

 

 

 

Une piscine accueille les colons dès que la météo le permet. Le bassin en tôle a été réalisé par les ouvriers eux-mêmes dans un atelier de chaudronnerie de l'usine de Sochaux.

Toboggans, tourniquets et balançoires répartis dans le parc pour le bonheur des enfants. 

 

 

 

Endroit romantique dans un recoin du parc : la mare. Signe de l'évolution des mentalités : alors que pendant 30 ans aucun accident n'a eu lieu à cet endroit, au début des années 1980, les parents exigent que la mare soit enclose d'un grillage.

 

 

 

 

Au fond du parc, la "Maison de la Nature" au confort sommaire. Elle permet à de petits groupes d'enfants de quitter la vie de château pour une veillée autour d'un feu de camp et une nuit sous tente ou dans la chaumière.

Un passage obligé : l'inventaire à l'arrivée et au départ.

Le repos en début d'après-midi.

Activités manuelles : le plaisir de créer.

 

 

 

 

De 1975 à 1977, Nadine et les jumeaux Jean-Claude et Jean-Marie forment une équipe d'adjoints pédagogiques dynamique.

 

 

 

Marianne, ici avec sa fille Nadine, assure l'économat avec compétence sans perdre le sourire !

Pas de colo sans kermesse ! 

 

 

 

 

 Hélène et Pascale avec une partie de leurs enfants. Parmi elles, notre fille Florence (devant, 3e à partir de la gauche.) 

 

Pour éviter tous frais aux parents et aussi pour gommer les inégalités sociales, les colonies Peugeot fournissent les vêtements des enfants pendant la session : short, chemisette, survêtement, casquette et une paire de tennis neuves. Le linge est lavé pendant la colonie ; c'est avec une valise d'affaires propres que l'enfant rentre à la maison. A Chamblay, deux personnes sont employées à la buanderie et à la lingerie. Ici, Mme Breune, l'épouse du gardien, remplit la machine à laver.    

 

 

 

 

 

Le personnel d'encadrement de la session 1975...

 

 

 

 

 

 ... et de 1976. A l'extrême-gauche, Joël, économe de la session.

 

 

L'heure du départ a sonné. Revêtu de ses habits personnels, chacun surveille sa valise. La tristesse de quitter copains et moniteurs va bientôt être effacée par la joie de retrouver les parents. 

Le personnel d'encadrement de la session d'août 1977, quelques instants après le départ des enfants. C'est un jour plein d'émotions. Le bonheur et le soulagement du travail accompli se mêle à la tristesse de la séparation et à la mélancolie de la prochaine dispersion du groupe chaleureux.

 

 

Aller directement à Chamblay 1983-1986 : cliquer ici.

 
Pour leur éviter de tomber dans la routine, les Oeuvres Sociales du CE Peugeot demandent à leurs directeurs de ne pas dépasser trois années dans la même colonie. Aussi quittons-nous le Jura pour la Vendée. En 1978, ce sera "Cap à l'Ouest !" 
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