Un enfant du Pays de Clerval au service de la France. Louis Bassenne (1858-1938) |
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Origine familiale. |
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Enfance, guerre et études. |
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Conscients de l'importance
des études, ses parents l'inscrivent d'abord dans la modeste école
communale puis, au vu des dispositions qu'il y montre, l'envoient au collège de Baume les Dames. |
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Il a 12 ans quand éclate la guerre franco-allemande de 1870. Une péripétie tragique de ce conflit se déroule sous ses yeux dans l’environnement immédiat de son village. En janvier 1871, l’Armée de l’Est du général Bourbaki qui compte [toutes forces réunies] 140 000 hommes et 400 canons, fait mouvement vers Belfort afin de débloquer la ville assiégée et couper les communications des Prussiens. Pour s’approcher au plus près de l’ennemi, Bourbaki décide de faire débarquer hommes, chevaux et matériel à Clerval, méconnaissant que sa petite gare manquait de quais et ne permettait pas aux trains de faire demi-tour. Il en résulte un gigantesque blocage des trains pendant lequel les troupes s’épuisent dans d’interminables attentes, affamées et mourant de froid par un hiver qui est le plus glacial du siècle. Malgré tout, Bourbaki réussit à faire reculer les Prussiens lors de la bataille de Villersexel les 8 et 9 janvier 1871. Malheureusement, enlisée dans des problèmes d’organisation et de ravitaillement, l’Armée de l’Est est incapable d’exploiter sa victoire et, le 18 janvier, elle se replie vers Besançon, talonnée par l’ennemi. La retraite tourne à la catastrophe : les soldats sont décimés par le froid, les unités se débandent. Après le suicide raté de Bourbaki, les survivants de l’Armée de l’Est atteignent la Suisse où ils sont désarmés. Le frère aîné de Louis, Charles Gustave Bassenne, né en 1848, est sous-lieutenant au 2e Bataillon des mobiles du Doubs. Le 13 janvier 1871, sous les ordres du lieutenant-colonel de Vezet, cette unité est engagée dans un meurtrier combat à Seloncourt. [7 km au sud-est de Montbéliard] Quatre jours après, le 17 janvier, Charles Gustave meurt à Besançon des suites de ces faits de guerre. |
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Origine de l'image : Wikipedia, article "Armée de l'Est. |
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A Clerval même, c’est un désastre sanitaire : dans des ambulances [hôpitaux mobiles de campagne] improvisées les blessés sont mêlés aux morts. Des dizaines de soldats succombent, des centaines ont des membres gelés. On peut imaginer que le jeune Louis Bassenne a vécu douloureusement la mort de son frère et le spectacle de la déroute de l'armée française. Certainement comprend-il qu’à l’ère industrielle, la défense de la patrie ne nécessite pas seulement des soldats nombreux et vaillants, mais aussi des infrastructures efficaces, des équipements adaptés et une planification rationnelle. Et peut-être est-ce là l’origine de sa future vocation militaire dans l’arme du Génie.
Toujours
est-il que son intelligence précoce pousse ses maîtres et ses parents
à
lui faire poursuivre des études secondaires jusqu’aux baccalauréats et
aux classes préparatoires. |
Polytechnicien et élève-officier. |
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Le patriotisme, dans cette décennie qui suit la défaite de la guerre franco-allemande de 1870-1871, est, plus que jamais, à l’ordre du jour. Dans les esprits des maîtres comme des élèves, bien avant de se consacrer aux sciences, l’École doit préparer la revanche sur l’Allemagne. Aussi n’est-il pas étonnant qu’à la sortie de Polytechnique, Louis Bassenne opte pour une carrière militaire. Il suit ainsi l’exemple de ses illustres anciens tels Joffre, Foch, Fayolle ou Maunoury, futurs maréchaux de France. Le
1er octobre 1880, il entre en tant que sous-lieutenant élève
à l’École d’application de l’artillerie et du génie à
Fontainebleau. |
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Premières affectations et mariage. |
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Au cours des années suivantes, il sert à l’État-major particulier du Génie dans l’Est de la France : le 1er mars 1886 à Belfort puis le 1er avril 1891 à Saint-Dié et Remiremont. |
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L'Algérie. |
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A
cette époque, le nord de l’Algérie est français depuis près de 70
ans et déjà largement colonisé. En revanche, le Sud saharien est alors
en pleine phase de conquête. En
effet, depuis les années 1880, les autorités françaises veulent créer
une liaison entre l’Algérie et les colonies françaises d’Afrique
Noire, notamment par le projet d’un chemin de fer transsaharien. Pour
cela, il faut soumettre des populations sahariennes hostiles et promptes
à prendre les armes pour s’opposer à la domination française. Nombre
d’explorateurs tels René Caillié, Camille Douls, le lieutenant Victor
Collot ou encore le lieutenant-colonel Paul Flatters paient de leur vie
leurs incursions dans le désert. Le capitaine Bassenne arrive donc en Algérie dans le contexte de l’assujettissement des oasis sahariennes. Il sert à Ghardaïa (1897-1898), et à El Goléa (1899-1900), avec également des périodes à Alger comme adjoint au directeur du Génie, puis est nommé chef du Génie à Laghouat. Sa mission principale est l’établissement d’une liaison télégraphique entre Alger et les oasis du sud progressivement conquises. Dans La conquête des oasis sahariennes, André Tillion écrit : "Un réseau optique fut installé tout d'abord entre El Goléa et Fort Miribel [140 km au sud]. Des études furent entreprises pour la prolonger sur In Salah, mais le manque de points dominants et la fréquence des tempêtes de sable empêchèrent l'établissement de cette communication. Du côté du Gourara, l'installation de la ligne optique fut relativement plus facile et en vingt jours elle fut terminée grâce à l'habileté du capitaine du génie Bassenne. Elle était constituée par six postes, le dernier placé à 20 kilomètres de Timimoun où les dépêches étaient portées par courrier. Chaque poste comprenait trois télégraphistes, un homme du bataillon d'Afrique, deux chameaux, un sokrar [chamelier] et un petit troupeau." |
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L’aspect
technique de la mission du capitaine Bassenne ne lui épargne pas le
danger des combats. Du 28 janvier au 7 novembre 1900, il fait partie de la
colonne du Tidikelt qui doit soumettre cette région centrale du Sahara
autour d’In Salah. Sa présence est attestée à la bataille meurtrière
de In Rahr
[à 50 km à l’Ouest d’In Salah] qui fait plus de
600 tués le 19 mars 1900. Au sujet de ce combat, on lit dans l’ordre
du jour du général commandant en chef le 19e corps : "Le sous-lieutenant Castelle, du 7e génie, a eu une conduite digne de tout éloge ; il a opéré la destruction des toitures, sous un feu à bout portant, avec un calme et un sang-froid remarquables. Lors de la résistance désespérée des défenseurs, il est resté pendant au moins vingt minutes à côté de son chef, M. le capitaine Bassenne, en face d’une brèche que l’artillerie n’avait pas encore rendue praticable et qu’il essayait d’agrandir au moyen de pétards de dynamite qu’il plaçait lui-même. Il a eu, à ses côtés, un tirailleur saharien tué et plusieurs blessés dans la section chargée de tenir les défenseurs éloignés de la brèche." Le 5 juillet 1900, Louis Bassenne est inscrit d'office sur le tableau d'avancement pour faits de guerre. Après une nouvelle mission à El Goléa du 4 mai au 1er novembre 1901, il revient en métropole le 31 mars 1902, arborant les 4 galons du grade de Chef de Bataillon. Depuis 1898, il est chevalier de la Légion d'Honneur. |
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L'Indochine. | ||||
Au retour d’Algérie, Louis Bassenne est muté comme Chef du Génie à Gap. Il y reste un an avant de repartir en Outre-mer : cette fois-ci, c’est pour l’Indochine. Il embarque le 26 juillet 1903 à Marseille pour arriver à Saigon le 20 août, soit un voyage en paquebot de 25 jours : traversée de la Méditerranée par le détroit de Messine, franchissement du Canal de Suez, Djibouti, l’Océan Indien, Colombo, Singapour avant d’atteindre enfin la Cochinchine. La France a imposé sa tutelle sur les territoires indochinois à partir de 1858. En 1903, sous le nom d’Union indochinoise, elle comprend une colonie : la Cochinchine, trois protectorats : l’Annam, le Laos et le Cambodge et un semi-protectorat : le Tonkin. |
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Le
commandant Bassenne arrive en Cochinchine dans une période où la France
intensifie la colonisation. Paul Doumer, Gouverneur général
de 1897 à 1902, a initié une politique destinée à assurer la suprématie
française : grands travaux d'infrastructures
destinées à l’exploitation des pays, distribution de
vastes concessions foncières aux Européens. Et, tournant le dos à une
politique pourtant promise d'association avec les peuples d’Indochine,
il restreint le pouvoir des mandarins et accroît la pression fiscale sur
les indigènes. Ce renforcement de l’autorité française s’accompagne logiquement d’une consolidation de la présence militaire. C’est dans ce cadre que Louis Bassenne est appelé à travailler à la construction de la base navale du Cap Saint-Jacques. Ce lieu stratégique contrôle l’entrée de la rivière de Saigon qui mène à la capitale de la Cochinchine et, ouvert sur le large, peut également servir de base à des opérations en Mer de Chine qui est alors, après la guerre des Boxers (1899-1901), un des points chauds du globe. |
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La fonction de Louis Bassenne au Cap Saint-Jacques dure 3 ans. Après une mission de 6 mois à Paris du 30 avril au 2 septembre 1906, il retourne à Saigon pour un nouveau séjour de 3 ans qui se termine par son retour définitif en France le 8 juillet 1909. Les activités de l’officier entre 1906 et 1909 ne nous sont pas connues, à l’exception d’un voyage d’études au Laos et au Siam qu’il effectue en 1907. Le 23 juin de cette année, il est promu au grade de Lieutenant-Colonel. Son épouse l’accompagne et tire de cette expédition le livre Au Laos et au Siam, Voyage sur le Mékong [Hachette 1912] dans lequel elle dépeint les sites grandioses et le pittoresque des pays visités, mais médite également sur la difficile confrontation entre les cultures traditionnelles et les apports de la colonisation française. Elle écrit : "Oh ! quel délicieux paradis de farniente que ce pays protégé par la barrière farouche du fleuve contre nos progrès et nos ambitions dont il n’a que faire. Est-ce que Luang Prabang serait, dans notre siècle de sciences exactes, de profits âpres, d’argent vainqueur, le refuge des derniers rêveurs, des derniers amoureux, des derniers trouvères ? C’est en réalité un amour, un rêve, une poésie de naïve sensualité, qui s’épanouit sous les frondaisons de cette forêt parfumée." (Marthe Bassenne, Au Laos et au Siam, Voyage sur le Mékong, chap. III Luang-Prabang) |
Il connaît son heure de gloire le 14
juillet de cette année quand, devant le front des troupes de la
garnison présentant les armes, le général de division Ducray
l'élève au grade d'officier de la Légion d’Honneur "pour
services exceptionnels rendus en Cochinchine". |
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La Première Guerre mondiale. | ||||||||
En
septembre 1914, lors de la bataille des frontières, il commande le
génie du 15e Corps d'Armée avec lequel il prend part à la défense du Grand Couronné de Nancy,
cette série de hauteurs dominant la plaine à l’Est de Nancy. Ce succès
français préserve la ville de l’occupation allemande et contribue à
la réussite de la Bataille de la Marne en fixant un nombre
important d’unités ennemies en Lorraine.
Le 23 janvier 1915, le colonel Bassenne reçoit le commandement de
la 20e Brigade d'Infanterie sur le front de l'Argonne. Nommé général de
brigade le 15 février 1915, il est en poste dans le secteur de Vauquois [à 25 km à l’ouest de
Verdun]. La butte de Vauquois, tenue par les Allemands depuis septembre
1914, est attaquée avec acharnement par les troupes françaises qui
veulent reconquérir ce poste d’observation stratégique avec vue sur
les voies de communications de Verdun. Au début de l’année 1915, les
soldats français mènent plusieurs attaques pour occuper le sommet. Le
général Bassenne, sous les ordres du général Micheler, commandant la
10e
Division d’Infanterie, est chargé de l'étude et de
l'organisation des assauts de mars 1915. Il dirige les deux régiments
engagés dans l'attaque depuis son PC de la forêt de la Maize, à 1,5
km au sud de la butte. |
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Dans
Bourru, soldat de Vauquois, de Jean Des
Vignes Rouges, on lit : "Le
1er mars, l'attaque est reprise par le 31e appuyé par le 46e
et le 89e, dans les zones affectées à chacun de ces régiments pour
l'attaque du 28. Le général Bassenne commandant la brigade coordonne
l'action de ces divers régiments. A 11 heures, préparation
d'artillerie, à 14 heures, l'assaut est mené, malgré le feu violent
de l'artillerie, avec le même entrain que la veille. A 14 H 45, le 31e
d'infanterie, commandé par le lieutenant-colonel Cuny, pénètre dans
Vauquois, le 46e atteint la lisière Est, le 89e, commandé par le
lieutenant-colonel Le Vannier, s'organise dans Vauquois de concert avec
le 31e. A 15 Heures 15, deux contre-attaques allemandes,
venues de l'Est, sont brillamment repoussées à la baïonnette, avec la
coopération des pièces de montagne." |
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Jean
Des Vignes Rouges écrit dans Bourru, soldat de Vauquois : "Les
mois se succèdent ainsi... L’hiver arrive sans diminuer l’ardeur
des combattants, les sapes sont pleines d'eau, les tranchées à l'ouest
de la colline, dans le secteur de Bourreuilles, ne sont plus qu'un
cloaque où l’on s’enfonce dans la boue et l'eau jusqu'au ventre.
Des hommes même se sont noyés. Pas un pouce de terrain n’est
cependant abandonné. Le général de brigade Bassenne, mettant en œuvre
ses connaissances d'officier du génie, invente des types d'abris qui
apportent des améliorations à la vie matérielle des hommes. Il y réussit
souvent, à la grande satisfaction de tous."
Le
général Bassenne est alors en charge d’une partie du front situé à
l’est de la butte de Vauquois, à 1,5 km à l’ouest du village d’Avocourt.
Les cartes du champ de bataille ci-dessous
témoignent de l’empreinte qu’il a laissée sur ces lieux.
Son secteur de commandement prend en effet le nom de "Quartier
Bassenne" tandis qu’à proximité du front on note un "Réduit
Bassenne" et un "Bois Bassenne". Cette dernière
appellation aurait son origine, selon la tradition orale, d’un haut
fait du général qui a marqué les esprits.
Au cours de la guerre de position, ce bois proche des lignes
allemandes retient son attention : est-il occupé par l’ennemi ?
Comment le savoir ? Sacrifier des hommes ? Non. Le général y va seul
et se rend compte que le site est inoccupé. Les troupes françaises
s’en emparent alors sans coup férir. |
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Même après son départ vers d'autres champs de bataille, le nom du général restera lié jusqu'à la fin de la guerre au site représenté sur les cartes et photos ci-dessus, comme le montre cet extrait du JMO du 38e Régiment d'infanterie de la fin 1917 : |
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Le général Bassenne est encore dans le secteur de Vauquois en 1916 où il commande la 20e brigade d’infanterie soit 2 régiments de 3400 hommes et 70 officiers. Dans Bourru, soldat de Vauquois. il est noté : "Au
moment de l'attaque allemande sur Verdun, Vauquois, qui se trouve à
vingt kilomètres de cette ville, en ressent de puissants contre-coups.
Le moment est critique ; les commandants de brigade, général Bassenne
et colonel Pinoteau, veillent sans arrêt. Le bombardement est régulier
et constant comme une pluie diluvienne, mais ce sont des 210, des
torpilles de cent kilos, qui tombent continuellement." Le 12 juillet 1916, Louis Bassenne est promu au grade de commandeur de la légion d'Honneur. Le Journal Officiel indique : "...très beaux états de service. A montré depuis le début de la campagne les plus solides qualités d'énergie et d'activité. Croix de guerre." |
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Citation à l'ordre du régiment Ordre n°29 du 17 mars 1918 : "Unités de travailleurs composée d'hommes des classes les plus anciennes qui a toujours mérité des éloges depuis sa formation en juin 1916. A produit un travail considérable sur la Somme de juin 1916 à janvier 1917 malgré la fréquence du bombardement qui lui a causé de nombreuses pertes. Vient de créer des abris importants dans un secteur de l'armée, travaillant et logeant à faible distance de l'ennemi pendant six mois consécutifs chacun exécutant sa tâche avec goût et sans bruit malgré les difficultés. Le général Bassenne, commandant le génie de l'armée. Signé: Bassenne."
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Retraite, vie privée et vie familiale. | ||||||||
Il
se retire à Cagnes-sur-Mer [Alpes-Maritimes],
dans sa spacieuse villa,
baptisée "Les Pampres" par son épouse. A 3 km de la
mer, la demeure s’élève au cœur d’une propriété de 40 ares qui
comprend un grand jardin où abondent orangers, citronniers, figuiers et légumes
du midi ainsi qu'une belle parcelle de vignes. Dans ce havre
agreste, l’ancien militaire n’aspire plus qu’à cultiver sa terre
et faire son vin, au grand dam de son épouse attachée à la vie
mondaine qu'elle menait en tant qu'épouse de gouverneur militaire. La
dissension entre les conjoints est telle qu’elle entraîne la séparation du couple. Sans
pour autant divorcer, Marthe Bassenne retourne vivre à Nice où elle
collabore au journal "L’Éclaireur du Soir." |
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Le
général partage ses jours avec un vieux domestique prénommé Esprit
qui lui sert d’ordonnance et d’homme à tout faire, ainsi qu’avec
Gilles, un cocker auquel il a appris quelques tours inspirés de la vie
militaire, comme de se mettre au garde à vous sur ses pattes arrière
et avancer ou reculer au commandement : "En
avant, marche ! En arrière, marche !" |
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Pour fuir les chaleurs estivales, Louis Bassenne séjourne à la montagne, dans les Alpes ou le Jura, ou rend visite à sa famille dans le Doubs et en Côte-d’Or. Il voyage en train, ainsi qu’avec un mode de transport plus original. En effet, il s’est fait construire selon ses plans une carriole équipée de roues d’avion à pneus gonflables auquel est attelé l’âne Popol. Avec cet équipage, le général fait des voyages étonnamment lointains. Sa petite nièce Yvonne relate un périple à travers les Alpes de Cagnes jusqu’au Haut-Jura et, il y a peu, des anciens de Chaux-lès-Clerval se souvenaient encore du général tenant les guides de son âne entre leur village et Clerval. |
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Lors des vacances, "Les Pampres" accueillent la famille de Jeanne pour des séjours mémorables. Les enfants sont fascinés par les objets exotiques rapportés des colonies : panoplies d’armes Touareg, miniatures en bois précieux d’Indochine, sculptures en ivoire, meubles en ébène… L’officier retraité captive son jeune auditoire par le récit de ses aventures coloniales, curieuses, truculentes ou bouleversantes. Ainsi,
cette péripétie saharienne : perdu dans les dunes où le vent avait
effacé la piste, il avait confié son sort à son cheval en lui lâchant
la bride sur l'encolure. Laissée à son instinct, la monture retrouva
le chemin du bordj. Cocasses également ses démêlés avec les
"Joyeux"* qu'on lui avait affectés, mais combien plus
tragique le souvenir resté vif dans la mémoire du vieux général du
suicide de deux jeunes lieutenants qui n'avaient pu surmonter la
terrible solitude au cœur du désert. *surnom donné aux soldats des corps disciplinaires des Bat'd'Af'
(Bataillons d'Afrique) |
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Pour
d’autres neveux, jeunes adultes qui démarrent dans la vie, le général
est une référence respectée. Ceux qui n’ont plus leur père voient
en lui un tuteur moral à qui ils font part de leurs projets
matrimoniaux ou professionnels. |
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Décès, obsèques et mémoire. | ||||||||
Début novembre 1938, dans une lettre péniblement écrite à sa nièce Aline, le général envisage son avenir : "Je serai peut-être conduit plus tard à changer d'existence, à vivre l'hiver dans une maison de santé à Nice, et l'été dans des maisons de santé à Dijon ou Besançon, ou si possible dans la montagne" tout en précisant : "Je tiens à ne m'occuper de cela que lorsque le moment sera venu, le cas échéant." Cette lettre arrive à Clerval le 10 novembre 1938. Le 11 novembre, jour du 20e anniversaire de l’Armistice dont il a été l'un des artisans, le général Louis Bassenne choisit de se donner la mort avec son arme de service dans sa villa de Cagnes. [son
épouse lui survivra 27 ans, décédant à Nice le 13 août 1965 à
l'âge de 97 ans.] |
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La tombe du général Bassenne à Clerval (Doubs). (photo prise en 2013)
Le 7 septembre 1944, lors des combats de la Libération de Clerval, un obus américain détruit le monument funéraire de la tombe du général. Il est remplacé par une simple plaque en métal, tandis que la dalle brisée par l'explosion est toujours en place. |
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Actualisation : En 2017, la tombe du général qui menaçait ruine depuis des décennies a été restaurée par l'action conjuguée du Souvenir Français, du Musée de la Mémoire et de la Paix et de la Ville de Clerval. |
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Henri Ehret , février 2014. Mises à jour : janvier et octobre 2015, novembre 2017, février 2021, juillet 2023. |
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Sources autres que celles citées dans le texte. |
- Les souvenirs des petits-neveux et petites-nièces du général Bassenne et les papiers de famille. - Le chapitre "Retraite, vie privée et vie familiale" est essentiellement basé sur les mémoires de jeunesse rédigées par Yvonne Guéneron-Mauerhan et Michel Mauerhan, petite-nièce et petit-neveu du général, aimablement mises à disposition par M. Frank Mauerhan. - La nécrologie du général Bassenne extraite de La République de l'Est du 15 novembre 1938, document mis à disposition par M. Gérard Blanc, de Clerval. - Wikipedia, particulièrement pour les points suivants : Guerre de 1870, École Polytechnique, Conquête du Sahara, Indochine Française, Bataille du Grand Couronné, Bataille de Vauquois. - La base de données Léonore sur les titulaires de la Légion d'Honneur : - Divers extraits du Journal Officiel, consultés sur le site "Gallica" - Le "Forum PAGES 14-18" et en particulier ses membres "Achache" et "Marcus" pour leurs renseignements. - Le riche site consacré à la bataille de Vauquois par M. Carl Pérot que je remercie pour ses renseignements et ses documents. - Des précisions concernant les dates et les décorations ont été trouvée sur le site de l'École Supérieure de Guerre. - Les photos récentes (cimetière de Clerval, Bois Bassenne, épée et képi) sont de l'auteur. |
Autre page d'histoire locale de Clerval : La Libération de Clerval (septembre 1944.) |