Jours exaltants en colonies de vacances. (7)

 

 

Châtel 1987.
 

La colonie, organisée par "Loisirs Contemporains", un organisme commercial parisien, est située à Châtel (Haute-Savoie), route du Linga, dans le chalet "La Cascade". En juillet 1987, nous faisons deux sessions successives de deux semaines chacune. L'encadrement se compose de neuf personnes, le directeur, l'infirmière et sept animateurs parmi lesquels Florence, en stage pratique. Repas, ménage et entretien sont pris en charge avec efficacité par le personnel de "La Cascade" dirigé par la propriétaire, Mme Crépy.

 

Le chalet "La Cascade" au printemps 1987. Nous occupons le réfectoire au rez-de-chaussée, les chambres au premier étage et des salles d'activités au niveau inférieur.

 

 

 

"La Cascade" vue depuis la pelouse...

 

 

 

 

...et ici, depuis un point de vue plus élevé. 

 

Châtel est notre première expérience de colonie maternelle. Ce type de centre pour enfants de 4 à 6 ans, se distingue des autres colonies par des règles particulières. Les sessions sont plus courtes, l'effectif plus réduit et l'encadrement plus étroit. Garçons et filles peuvent dormir dans les mêmes chambres et les sanitaires sont communs. Lors des repas, une table ne doit pas compter plus de 6 enfants. Pendant la session, chaque enfant bénéficie d'une visite médicale dont les résultats sont communiqués aux parents sur la fiche de liaison sanitaire.

Notre colonie compte une trentaine d'enfants qui font un séjour de deux semaines. La plupart sont originaires de la région parisienne. Nous les convoyons lors de l'aller et du retour, en TGV entre Paris et Bellegarde, en TER entre Bellegarde et  Thonon-les-Bains et en car de Thonon à Châtel. Des voyages bien fatigants pour ces bouts de choux et de longues journées pour les animateurs qui font les deux trajets dans la journée au moment de l'intersession ! 

 

 
Avant le départ, nous envoyons aux familles un fascicule pour aider les parents à préparer leur enfant à la vie en colonie. En voici deux pages illustrées par les dessins de Florence.
 

Malgré une préparation minutieuse et un personnel expérimenté, plusieurs difficultés se conjuguent pendant ces séjours. Les installations de "La Cascade" (lits, chaises, tables, toilettes... ) ont la taille standard  et par là sont malcommodes pour nos colons. L'inconvénient d'être dans une station touristique se fait sentir : avant de pouvoir profiter de la nature, il faut parcourir de longues distances sur route, et toute promenade est malaisée en raison du relief trop escarpé pour des tout-petits. Il faut mettre l'accent sur les activités à la colonie même. Nous achetons une petite piscine gonflable pour y patauger et un tas de sable pour des jeux informels. Nous louons un magnétoscope pour les trop nombreux jours de pluie. Et, quand nous voulons changer d'horizon, nous affrétons un car ou empruntons les télécabines pour sortir de l'agglomération sans efforts inutiles.

 

 

 

 

 

 

 

 Aux promenades très encadrées...

 

 

 

 

 

 

...les petits colons préfèrent jouer librement dans le ruisseau.

 

 

 

Les équipes de Véronique et Florence prennent le goûter après avoir joué dans l'eau. 

 

 

 

Lors d'un jeu à thème où les déguisements stimulent l'imaginaire. Les animatrices de gauche à droite : Janik, Emmanuelle, Corinne et Florence.

 

 

 

 

Toute la colonie en sortie sur les hauteurs.

 

 

 

 

Excursion d'une journée au lac de Conches.

 

 

 

 

 

 Une petite troupe espiègle.

Une colonie maternelle, ce n'est finalement qu'une grande famille ! Les adultes de gauche à droite : Yves, Emmanuelle, Véronique (assise), David, Franck, Florence et Françoise.

 

La colonie de Châtel constitue une riche expérience sur le plan humain et pédagogique. Avec ces tout jeunes enfants appelés à vivre au sein d'un groupe sans leurs parents, il faut déployer des trésors de douceur, de patience, de bienveillance, d'inventivité. C'est une gageure de réussir à ce que chacun accepte de tenir compte des autres et à ce qu'il finisse par prendre du plaisir à partager du temps avec eux. Il n'est pas rare qu'un adulte doive s'occuper exclusivement d'un seul enfant lorsque son instabilité ou son blocage dans la communication perturbe la communauté. Un enfant qui rit, qui créé, qui en aide un autre, qui prend confiance, qui gagne en autonomie : chaque petit progrès est une victoire et une récompense pour l'éducateur.

 

Cependant, à l'issue des deux sessions, je ne souhaite pas renouveler l'expérience. La société organisatrice, dont les priorités sont économiques avant d'être éducatives, me fait regretter les organismes sociaux ou associatifs. Enfin, ce mois à Châtel renforce ma conviction qu'une colonie doit être implantée dans un environnement de faible densité humaine et au plus près de la nature.      

En 1987, la mutation des colonies de vacances s'accélère. Le nombre d'enfants inscrits diminue fortement. Dans les classes moyennes et supérieures, les enfants partent avec leur famille ou bien sélectionnent des activités onéreuses comme le cheval, la voile, la mini-moto... Les enfants des classes populaires ne quittent plus leur ville : ils vont dans des centres aérés ou bien nulle part. Une majorité de comités d'entreprise abandonne l'organisation des colonies, laissant le champ libre aux organismes privés.

Ce contexte décourageant pour ceux qui s'étaient investis dans les colonies à vocation sociale a poussé nombre de mes collègues directeurs, économes ou adjoints à cesser leur activité estivale en centre de vacances. Après avoir envisagé de suivre leur exemple, je me résous finalement à continuer dans les colonies de vacances parce que, au début de 1988, je trouve un organisme à vocation sociale qui me confie une colonie implantée dans un environnement rural favorable.

Ce sera Rammersmatt !

 

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