RACINES FRANC-COMTOISES.

Biographie de Paul Bassenne.

Tableau généalogique des ancêtres franc-comtois

Nota :  Sauf indication particulière, les illustrations sont des photos de famille, des cartes postales et des photos de l'auteur. Lorsque tous les prénoms d'une personne sont indiqués, le prénom usuel est souligné. Jadis, en Franche-Comté, l'usage voulait que l'on emploie le dernier prénom de l'état-civil comme prénom courant.

Paul Bassenne.


Paul Bassenne, le père de mon épouse, est né en 1892 à Chaux-lès-Clerval (Doubs), cinquième enfant de Pierre-Constant Bassenne et Marie Bergerot.

La lignée paternelle de Paul est issue de Jean-Claude Bassenne, marchand de bois, qui s'est installé à Chaux-lès-Clerval au début du XVIIIe siècle avec son épouse, née Louise Martelot.

Un de leurs fils, Alexis Bassenne, né vers 1741, accéda au rang de notable. Laboureur aisé, il fut élu échevin de sa communauté en 1773, puis devint député de Chaux-lès-Clerval aux assemblées du bailliage de Baume-les-Dames. En 1789, il fut nommé délégué du Tiers-État à l'Assemblée générale du bailliage d'Amont qui recouvrait le nord de la Franche-Comté.

Alexis Bassenne et son épouse Jeanne-Claude Mougey ont eu neuf enfants. Parmi eux, Claude-Étienne Bassenne (1779-1857), époux de Josephte Cordelier (1780-1856) est le père de Louis-Alexis Bassenne, le grand-père de Paul.

L'acte de naissance de Louis-Alexis Bassenne : cliquez ici.

 

Comme ses aïeux, Louis-Alexis a laissé le souvenir d'un homme de responsabilités animé par l'esprit d'entreprise. Maire de Chaux-lès-Clerval au milieu du XIXe siècle, il a élargi ses activités au-delà de l'agriculture. Vers 1870, il obtint une concession de prise d'eau au barrage de l'écluse n°33 du Doubs nouvellement canalisé. Son intention était de créer en aval de Clerval une scierie mue par la force hydraulique.

 Jean Garneret écrit : "...C'était le père Bassenne qui avait fait creuser la conduite pour la scierie, à deux hommes ils l'ont creusée. Le père Bassenne a posé cette première turbine qui faisait marcher la scierie, puis une espèce de petit moulin." (dans "Vie et mort du paysan", L'Harmattan 2000) 

      Alexis Bassenne (1812-1876)

  

La scierie a fonctionné sous la raison sociale "Scierie Bassenne Frères", tenue par deux fils d'Alexis, Henri et Augustin, qui faisaient commerce de bois comme l'indique cette entête :

Voici la scierie telle qu'elle était représentée sur une carte de correspondance :

Cette installation industrielle comprenait en outre une station de production d'électricité grâce à deux dynamos. Cette petite centrale avait un bail de 20 ans pour fournir l'éclairage à la ville de Clerval.

En 1904, les deux frères Bassenne vendent terrain et bâtiments pour la somme de 60 000 Francs à Albert Villeminot. L'entreprise ne sort pas tout à fait de la famille car Albert Villeminot est le gendre d'Augustin, ayant épousé sa fille Jeanne Bassenne. Au cours des premières décennies du XXe siècle le site prend de l'ampleur. En 1924, les Établissements Villeminot comprennent une usine hydro-électrique de 180 ch, un moulin électrique d'une capacité de 85 quintaux journaliers, une menuiserie mécanique et une scierie électrique. C'est dans cette entreprise qu'Aline Bouhélier, la future épouse de Paul Bassenne a été employée comme comptable dans les années 1920.
[Voir le récit d'Aline sur son emploi au moulin en cliquant ici.]

Le site de la scierie en 2010 : cliquez ici.

 

 

 

Le père de Paul, Pierre Constant Bassenne, fils de Louis-Alexis, a laissé également le souvenir d'un homme industrieux.        

 

                          

                                               Constant Bassenne
                                          (1852-1912)

 

                                                                       

L'acte de naissance de Pierre-Constant Bassenne : cliquez ici.

Son épouse, Marie Bergerot, était issue de familles d'agriculteurs établis de longue date à Tournans, Trouvans et Montussaint, villages du Doubs aux confins de la Haute-Saône.

Marie était la fille de Claude Bergerot, de Tournans, et d'Adelle Pergaud, native de Montussaint, qui exploitaient un train de culture assez vaste pour occuper toute la famille.

 

 

La ferme des Bergerot à Tournans au début du XXème siècle.

 

 

 

Mise à disposition de la photo : G.Karsenty.

L'ancienne maison Bergerot en 2015 :  cliquez ici.

Selon ses propres dires, Marie, benjamine de 6 frères et sœurs, a connu une triste jeunesse. Orpheline de mère à 7 ans, elle fut envoyée en pension à Montmartin [aujourd'hui Huanne-Montmartin]. A 18 ans, elle perdit son père, et à 20 ans, sa famille la maria avec Constant Bassenne, de 11 ans son aîné.

Le couple, installé à Chaux-lès-Clerval, eut 8 enfants dont 5 atteignirent l'âge adulte. En 1921, Marie, veuve depuis 1912, a été honorée de la médaille de bronze de la famille française.

 

 

 

Marie Bergerot (1863-1957)

 Marie Bergerot a traversé la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales. Lors de son 92e anniversaire, elle comptait 15 petits-enfants et 16 arrière-petits-enfants. Pour ses descendants, c'était la "grand-mère de Chaux" à qui ils rendaient visite le dimanche après-midi.

 

Les actes de naissance de Claude Bergerot et Marie Bergerot  : cliquez ici.


Tout comme son père, Constant Bassenne était une personnalité connue et respectée. Maire de Chaux-lès-Clerval de 1878 à 1892, il était également suppléant du juge de paix de Clerval en 1902. 

En plus de son importante exploitation agricole, il développa plusieurs activités. Son esprit d'entreprise n'épargnait pas les émotions à sa famille. En 1895, parti pour le midi pour acheter du vin, il resta absent un mois sans donner de ses nouvelles. En fait, il était allé en Afrique du Nord d'où il ramena un plein bateau de moutons et de chevaux arabes.      

Il prospéra également dans le commerce du vin qu'il importait d'Algérie avec son bateau baptisé "Le Petit Pierre". Associé à Armand Garneret, il exploitait à Clerval un entrepôt vinicole. 

L'entrepôt vinicole dont Constant Bassenne était co-propriétaire au début du XXème siècle. Une voie de chemin de fer aboutissait devant les bâtiments situés en contrebas. Une conduite souterraine permettait de vider les wagons-citernes dans les tonneaux de la cave. (Carte postale et renseignements aimablement fournis par M. Gérard Blanc de Clerval.)

Au tournant du siècle, la société Bassenne-Garneret élargit son activité aux Travaux Publics. En 1910, elle obtint par adjudication un marché d'entretien et de cylindrage de routes nationales dans le département de la Loire.

Par la suite, Constant Bassenne, toujours porté sur les innovations, a cédé sa part dans le commerce de vin à Garneret pour se consacrer aux transports automobiles.


 Le début des transports routiers.

Constant Bassenne fut donc également un pionnier dans le domaine du transport routier, une activité que ses descendants directs perpétueront un siècle après lui.

A partir du 1er janvier 1912, un service de transports automobiles fonctionna sur 21 km entre L'Isle-sur-le-Doubs et Sancey-le-Grand en remplacement des diligences. La ligne avait été concédée à la Société anonyme des cycles et automobiles Peugeot, mais c'est Constant Bassenne qui en était le directeur gérant et le propriétaire des véhicules : une voiture pour passagers de 10 places et 250 Kg de bagages, et deux camions de 2 tonnes de charge utile. Ces véhicules, circulant avec régularité à une vitesse moyenne de 15 km/h, participaient au désenclavement des villages isolés. Leur conduite était assurée par Paul Bassenne et Louis Busson, fils et gendre de Constant. Une construction en pierres fut érigée près de la chapelle au-dessus de Sancey-le-Grand pour abriter les voitures.

Devant ce succès, Constant Bassenne déposa en juillet et en août 1912 auprès des autorités départementales une demande d'exploitation de deux lignes supplémentaires. L'une de L'Isle-sur-le-Doubs à Villersexel en prolongation de la ligne existante, l'autre qui aurait relié Besançon (depuis la gare de la Viotte) au village de Marnay en Haute-Saône.

Malheureusement, Constant Bassenne mourut subitement le 13 novembre 1912. Le 6 janvier 1913, sa veuve, Marie Bergerot, informa le Conseil Général du Doubs qu'il ne lui était pas possible de s'occuper des services nouveaux projetés par son mari. En revanche, elle obtint la rétrocession de la ligne initiale de L'Isle-sur-le-Doubs à Sancey-le-Grand. Celle-ci continua d'être exploitée par la famille jusqu'au 2 août 1914. A cette date, en raison de la guerre, les voitures furent réquisitionnées et le transport automobile suspendu pendant deux ans. En 1916, le service fut rétabli, mais comme Mme Veuve Bassenne s'était désistée, c'est Léon Virot, un transporteur de
L'Isle-sur-le-Doubs qui reprit la concession.

 

Un des oncles de Paul, frère de Pierre-Constant, était le général de brigade Louis Bassenne. (1858 - 1938),

 

Voir la biographie du général Bassenne en cliquant ici. 

 


Paul Bassenne passe son enfance et sa jeunesse à Chaux-lès-Clerval. Après sa sortie de l'école, il travaille dans l'exploitation agricole familiale. Il suit aussi une formation d'ajusteur et obtient, rareté à l'époque, le permis de conduire des automobiles. Il peut ainsi participer aux débuts des transports routiers initiés par son père.


 La Première Guerre mondiale.

Le 10 octobre 1913, il est appelé au service militaire. Il est incorporé, probablement à Chaumont, au 59e Régiment d'artillerie de campagne où il est initié au service du fameux canon de 75. Le 3 août 1914, c'est la Première Guerre mondiale. Le 9 août 1914, Paul passe au 12e Régiment d'artillerie de campagne appartenant au 21e Corps d'Armée d'Épinal. Cette unité participe à toutes les grandes batailles du front Ouest : en 1914, les Vosges, la Champagne, les Flandres ; en 1915 l'Artois, en 1916 : Verdun. Le 1er avril 1917, Paul rejoint le 62e Régiment d'artillerie de campagne qui est engagé au Chemin des dames.

 

 

 

 

Paul pendant la Première Guerre mondiale.  

(Photo prise à Gérardmer entre le 01/04/1917 et le 04/01/1919)

 

 

Mise à disposition de la photo : G.Karsenty.

Le 9 août 1918, il est nommé 1er canonnier : cela signifie que lors du service de la pièce il est placé à droite du canon, il ouvre et referme la culasse et tire. 

Après  l'armistice du 11 novembre 1918, Paul n'est pas immédiatement libéré. Il sert encore au 259e puis au 7e Régiment d'artillerie de campagne. Il est démobilisé le 28 juillet 1919, après 5 ans et 9 mois sous les drapeaux.


La paix revenue, Paul retrouve son travail de chauffeur de car sur la ligne L'Isle-sur-le-Doubs-Sancey-le-Grand. En 1920, il est élu maire de la commune de Chaux-lès-Clerval, mais démissionne de ce poste en 1921.

 


Paul et sa fratrie.

Les trois sœurs de Paul : de gauche à droite Madeleine (future épouse Mesnier), Valentine (future épouse Busson) et Cécile (future épouse Corneille). Photo mise à disposition par M. Frank Mauerhan.

 

 

et son jeune frère Georges, de 12 ans son cadet, qu'il a pris sous son aile après la mort prématurée de leur père.

 

 

                    Paul et sa sœur Cécile au volant de la quadrilette Peugeot vers 1925.
 
 

Continuer avec la biographie d'Aline Bouhélier.

 

 

Autres étapes du voyage au pays des ancêtres franc-comtois :

  Les anciennes maisons de famille.

 Localisation.

  Valonne et Chaux-lès-Clerval.

 Clerval.

 

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